18 juin 2019

Répondant à l'appel du Maître qui, en l'occurrence était plus gaullois (avec 2 ailes sur le casque) que gaullien en ce 18 juin, les auditeurs étaient là pour ce dernier cours avant grandes vacances et on a vu le retour de Pierre en excellente forme auquel Clément s'est joint pour renforcer l'effectif.

Ils ne furent pas de trop pour aborder la partie du jour qui avait besoin de quelques neurones musclés pour dégrossir les variantes

Ci-dessous le compte-rendu foisonnant du Maître

Le mot du Maître

"La tendresse ? Mais elle ne voit pas la différence entre un bec de gaz et moi -- Il gueule moins".

"Vous saurez comment je m'appelle, bougre d'andouille ! -- Joli nom" (N. Roquevert et G. Philipe dans "Fanfan la Tulipe").

"L'important n'est pas de trouver, mais de s'ajouter ce qu'on trouve" (P. Valéry).

"Dreams are made for those who really try" (A. Gibb).    

"Le délire de mentir et de croire s'attrape comme la gale" (L.-F. Céline).

"La loi ne vient plus d'en haut ni même des faits, elle vient du peuple : c'est perdre à la fois son âme en se substituant à Dieu, et son esprit en refusant la réalité" (X. Dor).

Un cas de dédain d'un pion passé, dangereux en apparence, au profit d'un réseau de mat : même en finale, cela peut arriver. Deux jolis zugzwangs réciproques ("ZZ") avec la zone de Troïtzky et ses exceptions en prime. Puis une sauvagerie débouchant sur... un calme olympien.

Festival d'âneries (surtout dans les commentaires) sur une finale de pions mettant en jeu deux champions du monde, 5 ans avant leur passation de pouvoirs. Les amateurs de ZZ se régaleront de nouveau.

Pas d'exercices pour l'été : vacances ! Sauf... un petit féerique : Rf3, Cd3 (2) / Rg8, Db5, Tf8, Fa8, Cd1, Pc3, e3, f5, f7 (9) (J. Lörinc, 1995). On demande quel fut le dernier coup : a) au jeu normal (facile, même si vous n'avez pas lu Smullyan) ; b) en patrouille ; c) en isardam. En patrouille, on ne peut capturer ou faire échec que si l'on est soutenu par une unité de son camp. En isardam, deux unités adverses de même nature ne peuvent s'observer. Ce n'est pas difficile. Amusez-vous bien !

Nous avons déjà parlé de l'extraordinaire tournoi interzonal d'Amsterdam 1964 qui vit, quelques années avant le raz-de-marée Bobby Fischer, la prédominance de la "grande Russie" battue en brèche. Non, comme ce sera le cas, par un Etats-unien de père hongrois et de mère polonaise, mais par un... Danois. Après la victoire du grand Bent contre Spassky,  http://lecoursdumaitre.e-monsite.com/pages/cours/cat-2019/16-avril-2019.html   voici celle contre Bronstein.

L'ancien finaliste (1951) du championnat du monde a longuement réfléchi après sa défaite, pressentant avoir manqué une intéressante possibilité... qu'il découvrira en pleine nuit ! Comme chez Costeff, on rencontre une Dame noire en h8 (variante du 26e), mais son destin est bien différent. Ne manquez surtout pas les folles variantes du 25e coup.

Entraînement : la douzaine traditionnelle de 2#. Aucun n'est trivial, le 7e est un superbe "Zago 3x3" (explication sur demande) sans jeu apparent abscons, le fléau de ce thème. Le 8e n'est pas un Zago, mais de Zago, le 9e est riche en essais. Le 11e fut qualifié d'"authentique chef-d'oeuvre" par Roger Diot. Il est vrai que c'est un parfait "Ruchlis complet" avec, lui aussi, un essai motivant le JA, mais il a un défaut que vous découvrirez (là encore, n'hésitez pas à correspondre, c'est en haut et à droite). Le 12e, vieux style, repose.

Les 3# sont costauds. Le 1er fait aussi penser au Zago (2x4) avec deux jeux subsidiaires. Le 2e voit des 2e coups devenir des... 3èmes coups. Le 3e, du XIXe siècle, n'est peut-être pas le plus facile, quoique plus léger en matériel. Les trois multicoups sont plus aisés, nonobstant le patronyme de l'auteur du 5#.

L'aidé 2# comporte un jumeau très différent, probablement ajouté en vue d'un concours de solutions. Il fut d'ailleurs proposé, 70 ans plus tard, au Grand Prix de Varsovie 2017. Pas facile ! Stratégie dans l'aidé 3#, mats modèles dans l'aidé 4# (avec jumeau). Enfin, nous retrouvons dans l'inverse nos deux grands auteurs russes de 3# pour... encore un Zago (3x2).

Ne manquez pas le reportage sur le championnat de France de résolution, que vous pouvez -- comme moi -- pratiquer en chambre.

Bonne régalade. Je vous souhaite un bel été, de nombreuses trouvailles esthétiques. Rdv en septembre. Adeus.

les diagrammes du Maître

post-scriptum du Maître :

J'apprends par hasard que François Chevaldonnet est décédé depuis 3 ans.
On ne me fera pas croire qu'aucun de ces pseudo-pédagogues, perpétuels donneurs de leçons et valets de la "fédération" n'avait le mail ni le téléfon de FC et n'a pu observer une anomalie par un silence prolongé. Bande de sournois incapables.
Chevaldonnet fut champion de France 1976. Je n'ai pas peu contribué à sa victoire, battant à la dernière ronde un joueur ayant un point d'avance. Cette bonne nouvelle permit, les magouilles aidant, un regroupement de 5 joueurs au premier rang, votre serviteur étant à un demi-point, dans la bonne compagnie de Todorčević, champion sortant. Panique chez les organisateurs, qui durent organiser un tournoi de départage à Nantes en novembre.
Les gags ne s'arrêtent pas là. Les organisateurs, bien en peine de récompenser les lauréats, ont eu une idée géniale : ne leur donner aucun prix, mais doter un tournoi blitz couronnant le départage. Manque de pot, deux chasseurs de primes montèrent depuis Paris. Votre serviteur, déguisé en Lee van Cleef, qui gagna ce tournoi avec 7/7, et Abravanel, qui réalisa 5,5. Cheval fit aussi 5,5, sauvant l'honneur, les autres repartant la queue entre les jambes...
Arrivé le soir de la 2e ronde, je félicitai Cheval (qui venait de battre Giffard). Il me proposa des blitz, que j'acceptai avec joie. Au bout de deux heures, je lui offris de cesser, pour qu'il puisse se reposer en vue de la partie du lendemain (contre un connu "frère" strasbourgeois). Il me répondit qu'il venait de battre le seul adversaire valable et qu'il avait donc gagné. J'éclatai d'un rire qui n'est pas encore calmé et continuai à jouer au moins deux heures de plus.

Daniel :

J'ai un souvenir du sympathique Chevaldonnet : je faisais un tournoi dans le sud avec d'autres Normands et je parlais en terrasse le midi du cours de St Lazare et de la finale T+F/T si mal maîtrisée.

Le lendemain, j'appris que Chevaldonnet m'avait cherché une partie de la soirée car il avait précisément une ajournée contre un Anglais avec possibilité de cette finale ... qu'il joua en effet le lendemain matin et perdit !

J'étais évidemment dans un troquet avec la bande, (et a posteriori bien content qu'il ne m'ait pas trouvé car mes explications ne l'auraient certainement pas aidé !).
Autre époque où on ajournait et où Internet n'existait pas. Bref, par définition : la préhistoire.