Des incidents plus nombreux qu'à l'habitude ont émaillé cette session.
Sans doute pour marquer la venue de l'ami Christophe, dont c'était la première connexion au cours.
Les fidèles étaient présents pour l'office dont voici le compte-rendu
A noter : un afflux de variantes d'ordinateur est venu perturber la recherche purement intellectuelle, c'est dommage
Le mot du Maître
"Que pensez-vous de mon talent ? -- Rien, vous êtes assise dessus" (réplique de A. Hitchcock).
"Ce n'est pas que je mette l'argent au-dessus de tout, mais j'ai tout le reste -- la santé, l'art, le génie, l'amour -- et l'argent seul me fait défaut" (R. Wagner).
"Les Echecs sont un jeu d'information. Or les Noirs ont toujours une information de plus que les Blancs. Ils ont donc l'avantage !" (M. Suba). Fischer raisonnait semblablement, quand il répondait ...c5 à e4 et ...e5 à c4 ; ou ...Ce7 à Cf3 et ...Cf6 à Ce2.
On m'a reposé la question qui m'esbaudit tant à chaque fois : "votre titre de maître international vous a-t-il servi ?". On s'attend au moins à ce que je parle de quelques avantages financiers. Même pas : certes il n'y a plus à régler les droits d'inscription aux tournois, mais j'ai toujours joué assez peu et en outre, mes deux tournois favoris étaient Le Touquet et Cannes pour lesquels, gracieuseté des organisateurs, le prétendu "maître des finales" était déjà invité bien avant son titre. Non, sa seule utilité fut celle-ci : n'ayant cessé de répéter que ce satané titre de MI ne valait rien, tant de joueurs talentueux, parfois géniaux, ne l'ayant pas obtenu (le plus brillant exemple étant le champion de France 1970 Jacques Maklès) et tant de joueurs le possédant montrant de considérables lacunes, surtout en finales comme vous l'imaginez, je pouvais crier plus fort mon avis après avoir décroché ledit titre, sans qu'on m'assène le pauvre mais inévitable argument : "vous dites cela parce que vous êtes jaloux" !
Depuis, j'ai relevé la barre : je ne m'intéresse plus qu'aux "considérables lacunes" de joueurs de niveau mondial, c'est plus jouissif ! D'ailleurs, être grand-maître n'a guère plus d'utilité. Je ne suis pas sûr que les choses aient beaucoup changé depuis l'anecdote que j'avais racontée il y a 10 ans sur un forum qui avait encore un peu de dynamisme. La revoici.
Un jour, le grand-maître Ossip Bernstein oublie son parapluie dans un autobus parisien. Il se présente aux objets trouvés de la RATP, remplit le formulaire, signe. La personne en face de lui est, providentiellement, un bon joueur et problémiste, André Savalle. "Vous êtes le grand-maître Ossip Bernstein ?". "Oui", répond l'intéressé, passablement éberlué. Sur quoi, André escamote le dédale bureaucratique habituel et lui rend illico son parapluie. Conclusion d'Ossip : "c'est la première fois que mon titre de GMI me sert à quelque chose".
Un numéro de haute voltige pour stopper un pion adverse qui va se promouvoir : 10 coups de Cavalier d'affilée, dont 9 forcés. Puis un joli réseau de mat utilisant les figures adverses comme bloqueurs.
Une finale de Tours où le Roi blanc fait le tour du parc avant de s'abriter, mais ce n'est pas une coquetterie. Puis une défaite du Cavalier tchigorinien contre le Fou du berger, mais il y avait un sauvetage. Même plusieurs, en écho (55e, 57e & 64e) ou non (59e). Et un double (voire triple) Cavalier à la bande, mais ni en a5 ni en h5, comme dans la partie espagnole ou l'est-indienne, mais en e8 et f8 (et accessoirement en c8) !
Exercices pour le prochain cours : une domination de Tour, un déchaînement animal et, last but not least, une curieuse finale de pions.
Dans les deux parties du jour, on commença par 1 e4 et... les Noirs gagnèrent. Innocente plaisanterie : loin de moi l'idée que l'ouverture du pion-Roi soit perdante, bien sûr ! Dans la première, un coup renversant, au sens véritable du terme (explication au 35e). Et dans l'autre, un sacrifice inattendu quand on connaît le joueur qui l'exécute. Où l'on apprend (ou plutôt confirme) qu'il vaut mieux ouvrir une nouvelle ligne, ou activer une nouvelle figure, que récupérer du matériel. Notons enfin un étrange écho entre ces deux parties : dans la première, un g4! se révèle supérieur au prosaïque DxPf5, tandis que dans la seconde un ...f4! se révèle supérieur au prosaïque ...DxPg3.
Après les 2# de la sélection Marjan (la plupart plus spectaculaires que difficiles), un 3# d'un super-grand-maître, de mignons jumeaux français, un 3# stratégique (également français), un 4# allemand avec curieux va-et-vient de deux Fous, un beau 4# alsacien corrigé par votre serviteur et enfin un curieux 8-coups tchéco-slovaque. Je n'ignore pas que la Tchécoslovaquie n'existe plus, je voulais dire qu'il s'agit d'une collaboration entre un Tchèque et un Slovaque. Les trois pions sur la 2e rangée donnent une idée mais, un conseil, ne jouez pas un pion au premier coup !
Dans le premier aidé 2#, est-ce nécessaire de chercher une solution avec petit-roque ? Son compositeur ne vous est pas inconnu, nous lui avons rendu hommage il y a dix ans : http://lecoursdumaitre.e-monsite.com/pages/cours/cat-2008/13-mai-2008.html . Il fut chroniqueur d'une belle revue française à l'époque où celle-ci célébrait les Echecs artistiques et était appréciée dans le monde entier. Puis deux jolis aidés 3# de notre ami André précité. Ce sont des jumeaux illustrant le même thème. Enfin deux longs inverses croates, honorés dans la revue (également belle) Phénix, pour lesquels nous avons omis d'ôter la solution. De grâce, cherchez-les au moins quelques minutes.
Bonne régalade. Rdv début mai si Deus vult.
Commentaires
1 Alain Le 20/04/2018