Malgré quelques problèmes techniques du genre bruit de tuyauterie couvrant la voix du Maître et disparition de la vidéo des participants, le cours s'est correctement déroulé en présence des habitués.
En voici le compte-rendu du Maître
Mark Dvoretzky est l'auteur d'un "manuel de finales" dont je fis la critique il y a dix ans ( http://www.mjae.com/Villeneuve-Dvoretzky.html ). Malgré quelques défauts, c'est un excellent livre, contrairement à ses homologues anglais et allemands. Toutefois, sa vraie spécialité n'était pas dans les traités systématiques à la Chéron, mais dans des recueils d'exercices d'entraînement, méticuleusement choisis et présentés de façon à guider la recherche des étudiants. Son meilleur est, à mon avis, "secrets de l'entraînement" dont j'ai eu jusqu'à trois éditions différentes, en russe, en anglais et en allemand. Chacune a fait un heureux, une fois le contenu reporté sur mon ordinateur !
La qualité que j'appréciais le plus chez lui est le courage et la répugnance à la langue de bois. Relisez le cours du 7 octobre 2003 où il étrille le prétentieux et calamiteux 13e champion du monde, à propos de deux essentielles parties de Lasker.
Sa conviction sur l'évolution de notre art est clairement résumée (est-il besoin de dire que je la partage entièrement ?) : "La croissance formidable de la théorie des ouvertures est devenue, de mon point de vue, une tumeur mortelle sur les Echecs contemporains, menaçant de les tuer graduellement, sans la moindre intervention chirurgicale" (M. Dvoretzky dans son "manuel analytique"). Rappelons aussi la sentence primordiale que je n'ai pu m'empêcher de placer en exergue de mon édition 2012 : "Ils s'efforcent de jouer le début et le milieu comme des champions du monde, mais jouent les finales comme des débutants".
Quelques autres citations qu'exceptionnellement je laisse dans la langue où je les ai trouvées : elles sont dans un basique innegliche très accessible et, après tout, ce site n'est-il pas devenu mondial ? Euh, ne confondez pas avec mondialiste, SVP !!
"Chess is inexhaustible !" is such an overused expression that it has become just another meaningless cliché, and wrongly so !"
"Each of us possesses the right to cast doubt upon, and sometimes even refute, the opinion of the greatest authorities, offering in exchange our own handling of events - which of course, may in its turn be refuted".
"I should also like to mention that even the most interesting and convincing discoveries and refutations still give us no grounds to look condescendingly upon an author or commentator of a game. After all, it is enough for us to be right only on occasion (and those occasions are self-selected !) while he must constantly maintain this high analytical level throughout the game and a myriad of variations that remain off-the-board, which is far more difficult".
Un autre cancer que celui qu'il dénonce est cette folie des échecs-spectacle où, sous la pression des organisateurs cédant à je ne sais quelle mode imbécile, on voit des joueurs de l'élite mondiale jouer absurdement des finales totalement nulles (eux-mêmes le savent mieux que quiconque) pendant plus de 30 minutes. Spectacle, dites-vous ? Pendant le même temps, mes amis et moi aurons, en solving-show, examiné -- et résolu pour la plupart -- 10 ingénieux mats en 2 coups, joyaux de l'histoire des Echecs artistiques. Où s'ennuie-t-on, à votre avis ? Ecartons "le suranné, l'ennuyeux, le superflu et le banal", comme disait un auteur dont je doute qu'il eût apprécié la tendance du si arrogant XXIe siècle.
Les qualités d'analyse de Mark Dvoretzky furent remarquées très tôt puisque, jouant une simultanée à l'âge de 16 ans contre le champion du monde en titre, on lui confia la responsabilité de juger... sa propre partie. Son illustre adversaire fut convaincu par les variantes du jeune candidat-maître et... s'avoua vaincu !
Grande nouveauté : il n'y a pas de partie du jour ! Plus exactement, il n'y a qu'un extrait de... 10 coups d'une partie, tout le reste étant analyse, effectuée plus de 40 ans après la précédente, extraite de son livre de 2008, déjà cité : "analytical manuel". Mais quelle analyse ! Comme il le dit lui-même, il y a parfois davantage dans un fragment de partie que dans un tournoi entier !
Et, sans vraiment nous éloigner de Mark, le reste du programme. Les exercices pour aujourd'hui : deux positions parfaitement naturelles, selon son voeu.
"Un peu court, jeune homme", m'a envoyé un lecteur attentif (et donc critique), au sujet du grozélo qui massacrait estivalement un "Dame et pion contre Dame". Je ne puis faire mieux que de lui (et vous) communiquer l'analyse que je fis il y a... 27 ans (le terme "jeune homme" n'était qu'une façon de parler) dont je n'ai eu à modifier qu'un ou deux iotas et ajouter quelques compléments. Mais en gardant la presque intégralité du texte. Il s'agissait d'une partie du... dernier classé au tournoi de Clermont-Ferrand, qui n'allait pas demeurer longtemps dans ces marécages (tout relatifs quand on voit le niveau de ce tournoi). Tandis que le gagnant (Olivier Renet) fut le premier -- chronologiquement -- grand-maître français, le congrès de Porto-Rico d'août 1989 l'ayant simplement... oublié. Ma conclusion de l'époque parlait du "beau travail défensif du champion du monde junior", gâché en un coup. On pourrait toutefois ajouter que l'erreur de reculer son Roi (au lieu de viser les cases g1 & h1) effectuée à quatre reprises, eût été évitée, comme celle du fauteur estival d'un quart de siècle plus tard, s'il avait songé à simplement parcourir l'ouvrage d'un compatriote, paru cinq ans plus tôt.
Un retour sur Belgrade où il y avait un autre concours d'études, au thème laissé libre. Il fut remporté par le très talentueux (et très sympathique) compositeur danois qui nous avait accompagné au zoo, immédiatement suivi de... notre guide au même zoo.
Deux "devoirs" pour la prochaine séance, un ultime hommage à Dvo : une étude composée par... un grand joueur et un grand compositeur. Et une autre sur la même idée, à 60 ans d'écart.
Section féerique, restons un instant dans les années 60, avec notamment le problème qui avait fait hurler Camil Seneca et, quatre ans plus tard, une provocation slovaque similaire.
Pour l'entraînement, un choix de 2# ayant fait réfléchir quelques vedettes. Le plus simple me paraît le Neill, le plus difficile le Knuppert. Tous glanés sur le site de l'expert Marjan Kovačević. Evidemment, dans un pays, vous avez "mat plus", en France, vous avez "forum moins" : autres pays, autres moeurs.
Un excellent 3# serbe donné cette année au championnat de Lithuanie. Un 5# facile et un 6# difficile du même auteur (simple homonyme de l'auteur du 2#). Un aidé 2# avec une Tour clouée : le restera-t-elle ? Un aidé 3# qu'on pourrait intituler "Un Géorgien chez les Sioux". Un aidé 5# plus facile qu'il semble, quoique donné dans un championnat du monde. Enfin un Gamnitzer (il y avait longtemps !) pour les insomnies. Cette fois, je ne laisse pas la solution. Vous revenez de vacances, non ?
Bonne régalade.
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