Après un problème technique au départ, le premier cours de 2020 s'est déroulé sans anicroche avec un son propre et sans décalage.
Ce cours de rentrée a vu le retour de Pierre, de Han ainsi que l'arrivée d'un nouveau venu au sens tactique bien aiguisé malgré une panne de micro.
La partie du jour, quoique connue, recèle une richesse exceptionnelle ...
que vous découvrirez ci-dessous dans le compte-rendu toujours de haut niveau du Maître
Le mot du Maître
Pour ce nouveau démarrage, mes voeux de santé et de joies artistiques, sans que prévalent obscurantisme et ignorance autour de vous. Puissiez-vous être indifférents à ce qui grouille, grenouille et scribouille, comme l'enseignait il y a 50 ans un homme grand, qui ne fut pas toujours aussi bien inspiré. Et un rappel pour quelques ignorants : nous sommes à présent dans la dernière année d'une décennie (commencée le 1-1-2011), non la première de la suivante.
"We Have All The Time In The World" (L. Armstrong).
"Combattu : souvent ; battu : parfois ; abattu : jamais" (F.-A. Charette de la Contrie).
"Qui sait mourir ne sera jamais esclave" (Sénèque).
"[Les Echecs ont] quelquefois fait votre plaisir, comme [ils ont] fait le plaisir des plus grands hommes" (Ph. Stamma à Lord Harrington, 1737).
Un petit échauffement en finale de pions : le choix de la bonne case pour le Roi se répète dans la finale pion-Tour contre Dame qui survient, connue depuis le XVIe siècle.
Un exercice ukraïnien de virtuosité, à base de pat.
Comment annuler avec un Fou de moins. Le conducteur des Blancs est surtout connu pour un livre consacré à un très fort et magnifique tournoi, pourtant oublié de certains livres historiques, le zonal russe de 1964, dont nous avons extrait une partie ici : http://lecoursdumaitre.e-monsite.com/pages/cours/cat-2009/14-avril-2009.html
Exercices : une autre finale de pions, un exemple d'embarras du choix et une lutte Cavalier et 2 pions contre Tour.
Quelqu'un demande qui sont les "maîtres du jeu positionnel" ? Cette question n'a évidemment aucun sens, le mot "positionnel" étant une imbécillité que j'endure depuis 60 années. Un peu comme si vous disiez qu'un joueur de balle au pied a un très bon "jeu ballonnesque". Complètement idiot.
Tout joueur d'échecs, qu'il soit plutôt stratège ou plutôt tacticien, est évidemment intéressé par la "position". Le seul sens envisageable pourrait être celui-ci : un joueur qui ne s'occupe que de ce qui se passe sur l'échiquier, par opposition à ceux qui ne voient que la pendule, jouant n'importe quoi pour inciter une gaffe de leur adversaire en crise de temps.
Mais non, ceux qui utilisent ce terme entendent par là un joueur calme, qui ne provoque pas, ne met pas le feu à l'échiquier comme Lasker, Tal, Shirov et d'autres. Un joueur plutôt stratège, c'est plus glorifiant ! La preuve est qu'ils citent Capablanca comme exemple. Ou Petrossian. Savent-ils que l'un comme l'autre ne craignait nullement la tempête, sachant parfaitement y faire face ? Tout au plus, ils ne la recherchaient pas spécialement, ayant d'autres idées. Calme oui, si l'on veut.
J'ai vu que, dans les joueurs préférant la stratégie, l'on citait Morphy. C'est en effet très avisé, car si certains croient voir en lui un joueur échevelé et romantique, il faut le comparer à son prédécesseur Anderssen. Et en effet, par rapport à lui, il calme le jeu. Il place ses figures où il le faut, ne met pas le feu, juste parfois quelques braises, après des générations de pyromanes. Comme disaient les experts de La Régence, "Morphy n'est pas aussi brillant que La Bourdonnais, mais solide, précis et analytique" ! Lasker le qualifie de "joueur rationnel".
A suivre : nul ne vous empêche de participer, en haut et à droite (forum de discussion, une importante nouveauté théorique !), ou directement tout en bas de chaque page.
Notre partie du jour (Bird-Morphy) est justement célèbre pour son sacrifice de Tour, immédiatement suivi d'un coup de Dame en prise (mais imprenable) sur une case inhabituelle. Nous la complétons par une analyse, auprès de laquelle la partie elle-même semble d'une déconcertante simplicité.
Une pléiade de richesses, mais on peut "craquer" pour les mini-études des 38e, 40e, 41e & 42e coups, avec notamment un nouvel exemple de ce que j'avais appelé le "thème Mandler" : l'interversion du bon coup et du mauvais dans deux variantes. Et un triple juste milieu... bicolore !
Le saviez-vous ? Morphy est le fils d'Alonzo Morphy (dont le père vivait à Madrid) et de Thelcide Carpentier, fille de Joseph Le Carpentier. Il est donc à la fois Espagnol et Français, comme Bobby Fischer est à la fois Hongrois et Polonais. Vive le nouveau monde !
Entraînement : une variété de 2# de toutes époques, les deux premiers, le 9e et le dernier me paraissant les plus faciles. Les 3# sont très différents ; le premier nous montre une Dame dynamique, le 2e est très astucieux, le dernier (âgé de 182 ans) devrait vous reposer. Le second 4# a été corrigé par votre serviteur, les jolis mats demeurent mais sans solution parasite. Le 5# est un rex solus, se terminant (évidemment) par un mat modèle. Les deux aidés courts proviennent d'un championnat du monde déjà lointain. L'aidé long, d'un auteur brésilien, est stratégique, avec un écho de manoeuvres. Nous terminons par un inverse à moult sacrifices.
Bonne régalade. Rdv en février. Adeus.
Commentaires
1 Alain Le 15/05/2020
2 Alain Le 11/02/2020