4 mai 2004

Petit entraînement pour le championnat de France : un aidé 4# facile et un inverse 4# difficile.

Un auditeur ayant mentionné la colère de Botvinnik, à propos d'une étude de Libourkine, devant les positions "artificielles" où un Roi blanc se promène sur la 8e rangée derrière les pions noirs, je crois utile de rappeler que Botvinnik lui-même avait, onze ans plus tôt, amené un Roi blanc en... a8 ! Comme disait ma grand-mère : "faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais". Ci-joint les pièces du dossier, en faisant une (rare) exception au principe de ne pas présenter au cours d'extraits de mes livres.

Vous voulez rendre fous les ordinateurs ? Et tous ceux qui ne jurent que par eux ? Présentez-leur cette étude de l'oncle Fred ! Le monstre reprend du poil de la bête avec la suivante, où deux pions annulent contre une Tour. Mais il vasouille encore avec celle de Lommer, où l'on annule avec une Tour de moins. Enfin, il maîtrise celle où l'on gagne avec F+C+P contre F, alors que l'unique pion est condamné.

Dans un cas comme dans l'autre, nous savons bien que les pseudopédagogues de notre beau pays ne feront pas étudier ces exemples à leurs élèves, préférant les abrutir avec de prétendues subtilités débutales qui les dépassent eux-mêmes. Alors, précisément, que toute la pratique des tournois nous démontre que c'est en finale que tout se joue. C'est Einstein qui disait, paraît-il, ceci : "deux choses sont infinies, l'univers et la bêtise humaine, mais en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas la certitude absolue".

Nonobstant, comme notre dernière étude se termine par un Fou et Cavalier contre le Roi seul, permettez-moi de citer un récent courrier concernant cette finale et celle avec Dame contre Tour (sans pions). Question : J'ai bien compris la méthode du W que vous donnez, mais pas très bien comment vous amenez le Roi ennemi à la bande. De même pour Dame contre Tour. Réponse : L'enquête que j'avais faite dans les grandes bases de parties avait montré que ceux qui ne parviennent pas à gagner R+F+C / R ont toujours (100%) réussi à pousser le Roi à la bande, mais n'ont pas su poursuivre par ignorance de la méthode. Eh bien pour D / T, c'est exactement la même chose ! Jouez naturellement en centralisant votre Dame et avançant votre Roi, en prenant bien soin de faire parfois travailler la Dame (blanche, mettons) dans l'autre moitié de l'échiquier que celle où est le Roi noir, et vous n'aurez pas de problèmes. Enfin, Philidor et Ponziani sont essentiels, mais aussi les deux exemples de Chéron/Berger. Entraînez-vous par exemple à jouer précisément les deux suites 5...Td1 et 5...Td2 [dans Re5, Dc8 / Re7, Td7] : la Tour doit finir dans la boîte !

Jouée il y a dix ans, la partie du jour est une attaque vigoureuse (c'était cela ou l'étouffement stratégique) après que les Noirs ont amélioré... la dernière partie du match-revanche Botvinnik-Tal. Tout est perdu pour les Blancs, à figure humaine, vers le 26e coup. Mais des miracles peuvent se produire.

RDV dans deux semaines et bonne régalade.