Il se déroula cette fois-ci à Issy-les-Moulineaux, haut-lieu des matchs d'Intercercles dans les années 70, où j'ai maintes fois affronté François Molnar. Comme en 2021, quoique une surprise qui se répète ne soit plus tout à fait une surprise : notre ami Abdelaziz réitère sa victoire, précédant le double champion du monde, lequel échoue encore sur un 3#, mais aussi sur le 4# et l'étude, sans se venger sur l'inverse comme il est d'usage.
Faciles et spectaculaires sont les 2# (brésilien et écossais). Dans le premier 3#, j'ai flairé un superbe mat miroir au bout de 20 minutes. Le reste devenait facile. Ce compositeur norvégien de style bohémien m'a toujours porté chance, notamment lors de mon 100% de Turku 1995. L'autre 3# a une touche humoristique et semble plus facile qu'il n'est, avec ses redoutables essais. Il ne fut entièrement maîtrisé que par les deux favoris. Son auteur est une des personnes les plus merveilleuses qui aient existé dans le monde des Echecs.
Le 4# stratégique ne m'a pas semblé terrifiant, on sent la menace lente dès qu'on a réfuté le piège du mauvais coup "instinctif". Dans le 6#, ayant immédiatement deviné l'auteur, j'ai vu assez vite le mat, mais voulu d'abord sacrifier la bonne pièce sur une mauvaise case. N'a été résolu que par le vainqueur et... le 3e (médaille de bronze) qui n'appréciait guère, m'avait-il avoué jadis, l'auteur en question, contrairement à moi-même ! A. O'Kelly eût aimé ce passage secret. Un tel problème est une douche régénérante !
L'étude (polonaise) était nettement plus facile que l'an passé : une fois joués les coups évidents, on se dit qu'elle ne peut être si courte, d'où la recherche de défenses ingénieuses. Refus de prise et zugzwang réciproque : nous ne nous sommes pas déplacés pour rien.
Un seul aidé, ce qui est inhabituel. Pourtant, comme le disait M. Havel : « Les mats "aidés" méritent parfaitement leur appellation, ne serait-ce que parce qu'ils "aident" à remplir les colonnes de la presse échiquéenne ». Mais celui-ci ne manquait pas de sel attique, comme aurait dit A. Kraemer. M'a paru très abordable, alors que je l'ai retrouvé dans ma collection, affublé d'un signe "difficile" !
Rien à dire sur le facile inverse 2# (malgré un surprenant zéro du vainqueur, qui eût obtenu 15 points d'avance !), si ce n'est sur le barême : les Noirs n'ayant que 3 coups légaux, pourquoi diviser le total des points par 4 (une anomalie semblable au premier 3#). Je me suis souvent disputé sur ce genre de sujet, notamment à Portorož 2002 et à Subotica 2009, mais il s'agissait presque toujours d'études. Concernant les problèmes, j'avais seulement dit qu'une menace ne se réalisant jamais ne devait pas donner de point, ce qui en effet est absurde et contribue au fossé entre joueurs et problémistes.
L'inverse 4# du grand spécialiste yougoslave n'a été résolu par personne. J'en ai connu de plus difficiles de cet auteur, j'ai eu la chance d'avoir vite l'intuition de la clé, mais la suite m'aurait probablement fait excéder le délai imparti, même en cas de boycott des féeriques !
Une bonne sélection en conclusion, d'une excellente qualité et d'une difficulté moyenne : en 2h30 tout de même, la plupart des problèmes proposés doivent craquer.
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