le mot du Maître
Le point commun entre le mat direct et l'aidé devrait sauter aux yeux. Mais il y a d'autres effets dans le 5#.
Iosif Krikheli, généralement considéré comme Géorgien, était d'origine ossète : peuple qui descend des... Alains, cela ne s'invente pas. De fait, quoique infiniment plus talentueux, il avait un point commun avec votre conférencier, il aimait à la fois la partie, le problème et l'étude. La partie, peut-être un peu trop, car il est décédé à 57 ans en jouant une partie blitz. Il est surtout connu pour ses longs mats directs (de 6 à 20 coups) et ses mats aidés, mais ce soir, intéressons-nous plutôt à trois finales minimales, où il rejoint le grand spécialiste A. Mandler. Dans chacune, une Tour doit s'imposer contre un ou deux pions noirs. Les deux premières sont très didactiques. A propos de la troisième, J. Beasley dit ceci : "ce chef-d'oeuvre n'a pas les honneurs de l'album FIDE, collection de problèmes artificiels et introvertis en style contemporain". Nous nous joignons à ses regrets.
Il y a juste 20 ans, dans un tournoi parisien, je me trouvai en face d'un gamin n'ayant pas encore 11 ans. En tant qu'ex-champion de Paris, je me devais de montrer l'exemple. Je jouai l'ambitieuse variante Botvinnik. Surprise, le bout de chou me sortit une "NT", c'est-à-dire une nouveauté théorique de l'Informateur, la bible yougo indispensable à l'époque. Et il n'y eut pas le moindre "exemple" : je me retrouvai perdu, avec les Blancs, au 18e coup. Il me fallut sortir "toute ma technique", comme on dit après coup, pour tirer la nulle. Vous avez deviné qu'il s'agissait de Joël Lautier. Ah ! Une précision : quand j'ai parlé de NT de l'Informateur, je voulais dire... de l'Informateur suivant !
Le sorcier letton, c'est heureux pour lui, traite mieux ce début, d'ailleurs avec les deux couleurs, ce qui est un bon moyen d'exploiter les suites qui nous ont gênés. Son adversaire ne joue pas le coup de Joël, pourtant utilisé plus tard contre Ljubojevic et Kramnik... qui ne réagiront pas beaucoup mieux que moi ! Seul Beliavsky le traitera de façon convaincante.
Ne manquez pas également, dans les notes, la légendaire partie Polougaïevsky-Torre, un classique de cette variante compliquée.
Bonne régalade
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