Il y a 28 ans, lors de mon premier championnat de France à Messigny, j'ai tenté d'alerter les problémistes français sur la nécessité d'occuper le champ médiatique, presse et internet naissant. Sans grand succès : nous savons que le torchon français à intitulé européen a pris la décision, à sa grande honte, de supprimer problèmes et études. Quant au forum à intitulé français, qui fut utile quelque temps, il est progressivement devenu un sous-forum par l'éviction systématique de tous les contributeurs intéressants. Reste dans ce désert le courageux Phénix, mais les congrès se réunissent toujours en cabine téléphonique et la relève se fait désespérément attendre.
Pendant ce temps, le "pays qui n'existe pas" (vous savez bien, celui dont les ressortissants sont interdits d'apparaître comme tels, tenus d'arborer un insultant "drapeau" bidon) organise tous les mois des concours de résolution où apparaissent de nouvelles jeunes frimousses, s'honore d'un champion du monde, d'un vice-champion du monde et de la meilleure féminine, en attendant mieux. Je vous laisse tirer vous-mêmes les conclusions qui s'imposent.
https://wccc2022.wfcc.ch/wp-content/uploads/2022-11-16-UAE-Fujairah-WCSC-Final-Individual-Results-0A6A29.html
Le présent championnat, en région parisienne comme les deux précédents, a vu la visite de deux solutionnistes venus de l'est : un junior lithuanien qui gagne en ce moment presque toutes les compétitions auxquelles il participe, et un représentant du pays précité interdit d'existence, dont on connaît les magnifiques mats inverses, mais dont peu se souviennent qu'il fut champion du monde, il y a tout juste 20 ans. C'est donc le 3e classé qui décroche le titre de champion de France, tandis que Michel fait preuve d'un humour involontaire en me remplaçant tardivement... dans mon rôle d'éternel second. Mais après tout, être le Kérès français n'est pas infamant !
Une rareté dans les compétitions : l'étude était abordable (notons que 6 Re6?! Te5+! n'est qu'une perte de temps). Il est surprenant que les deux vedettes n'aient apparemment pas pensé au 5e coup noir. Une critique (habituelle !) du barème : les participants à ce niveau sont censés voir les mats en un coup (c'est pourquoi donner la clé d'un 2# suffit) et donc il est anormal d'octroyer un point pour le mat du 10e coup.
Pas de catastrophe dans les 2# cette fois-ci, mais notre bi-champion du monde (qui n'est battu que de 0,75 point) perd, une fois de plus, 5 points dans un 3#. Dans le premier 2# (apprécié par Rudenko, page 84 de son livre) il suffit de jouer le Fou là où il gêne le moins. Dans le second, on voit vite qu'il s'agit d'un blocus ; alors, la clé provocante tombe sous le sens : Monsieur le comte a de l'humour.
La clé et la menace du premier 3# s'imposent, il reste à ne pas oublier de variantes. La version donnée (FNd8 au lieu de b8 dans la v.o.) supprime la variante 1...Cxc6 2 Cc7+ mais aussi les duals sur 1...Cfd3 & 1...Td4. Le second 3#, qui joua un rôle décisif dans le classement, était dans ma collection sans signe particulier de difficulté, dans la version initiale qui est celle de l'album (FBd7 & TBf5, 1 Th5!). La nouvelle version oblige l'éloignement du Roi blanc en h8 (sinon 1 Cf3 Cd3 2 Rxh6) lequel impose le PNa6 (contre un ...Ta8+).
Comme pour le Giegold en 2022 ou le 5# de 2020, je demeure sidéré des difficultés rencontrées devant le multicoups : un 6# du XIXe siècle. Pire encore, pas un Français ne l'a résolu ! Je veux bien admettre que tous n'ont pas eu la chance, comme votre "maître", de résoudre un 6# du Dr. H. Lepuschütz à l'âge de 14 ans (chronique de Camil Seneca de janvier 1960), mais tout de même !
L'aidé 3# (géorgien, comme l'étude) est sympathique et facile, malgré les clés de "tempo". Celui en 7 est une autre paire de manches, aucun concurrent ne l'ayant entièrement résolu. Il était aussi dans ma collection mais avec le signe "difficile". L'activation de la Tour blanche est une double prouesse.
Le tiers de batterie de l'inverse 3# est trop bien huilé pour être difficile. Celui en 4 est un peu plus costaud, mais je suis étonné qu'il ait eu le scalp du nouveau champion.
Je n'aime pas voir les féeriques au championnat de France mais puisqu'il y en a, quelques mots. Un mat en un féerique n'est pas toujours trivial et donc, au contraire de ce que je disais pour l'étude, il serait avisé de répartir les 5 points entre les variantes du 2#, ce qui aurait permis au corrigé officiel de les expliciter. La comparaison du jeu après 1 Lee1 et 1 Lgg1, que je n'aurais jamais pu faire dans les limites du temps imparti, est intéressante. L'aidé 2#, également léonin, est charmant, mais hors compétition...
En résumé, il était possible de tout résoudre sauf les problèmes 8, 11 et 12. Même en oubliant quelques variantes du 3 et une variante du 10, cela donnait un beau titre de champion !
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