9 décembre 2025
Pour ce dernier cours de l'année, l'auditoire a bravé les rigueurs de l'hiver et a essayé de réchauffer l'atmosphère avec quelques variantes animées.
L'échauffement a commencé par une finale de pions avec, comme d'habitude, quelques finesses qui auraient dû mener à la nulle, mais c'était sans compter sur le tempérament du jeune Bobby pour qui la nulle n'était pas une option et qui a fini par le mener à la défaite.
Dans la suite des exercices, un très beau Beasley, un non moins beau Minski, et pour conclure un excellent Guy à qui nous rendons hommage pour sa créativité.
Pour la partie du jour, un beau combat avec un "face to face" Anand - Karpov dans lequel l'auditoire a pu se lâcher sur les variantes dans lesquelles le déficit matériel compte peu !
La féérie qui a suivi nous a apporté quelques belles compositions toujours sélectionnées avec soin par le Maître..
Bonne lecture à tous et rendez-vous an 2026.
Le mot du Maître
« Dire ce que l'on pense de "l'humanité" en général est pour moi assez facile : je ne tiens pas "l'humanité" en haute estime ; je pense que le monde est, a priori, composé de 95% de gens sans aucun intérêt, incapables de la moindre réflexion personnelle, mus par leurs pulsions et leurs envies, manipulables par n'importe qui... L'omniprésence de la télévision n'a rien arrangé. Comme disait un grand écrivain, "l'alcoolisme, le bavardage et la politique ont créé un assez grand nombre d'abrutis pour qu'il soit nécessaire d'ajouter encore la télévision". Ce qui est plus difficile en peu de temps (j'écris ces lignes en plein contrôle de 3e) est d'expliquer pourquoi on peut, et on doit, garder le moral, et aimer passionnément la vie malgré tout. C'est que, parmi les 5% qui restent, existent suffisamment de génies, ou simplement de gens sains (de corps et d'esprit, disait-on) pour embellir l'existence. Quelqu'un disait qu'on reste toujours jeune tant qu'on a conservé la capacité d'admirer. Encore faut-il avoir développé cette capacité, étant jeune. Et pour la développer, savoir qu'il y a quelque chose à admirer (beaucoup même) et le trouver. Et cette capacité est non seulement un élixir de jouvence mais la raison d'être de l'existence tout court, à quelque âge que ce soit. La beauté (l'immense beauté) existe, dans des domaines aussi variés que possible (et le temps passé sur terre est ridiculement court pour espérer en faire l'inventaire). En ce qui me concerne, je découvre tous les jours de nouvelles merveilles. Voir les têtes (je n'ose dire les "tronches") des gens dans le métropolitain (que j'emprunte le moins souvent possible) me montre abondamment que ce n'est pas leur cas... ». Texte écrit par votre "maître" le 4-5-2000 au collège, comme déjà dit, et communiqué le lendemain à ses élèves. Un quart de siècle plus tard, je ne vois pas un mot à changer. Tout juste faudrait-il compléter : "la télévision, les téléfons portables, l'internet".
"Il faut communiquer le goût des belles choses, du beau, du travail, des valeurs profondes... Je n'ai jamais vu de criminel sortir de mes écoles de musique" (Y. Menuhin).
"The darkest hour is just before dawn". Dédié à tous les auditeurs du cours ! https://youtu.be/zUr5_QVPCAI
"Du jour où j'ai compris quels étaient les gens que j'exaspérais, j'ai tout fait pour les exaspérer" (S. Guitry). 
"On devrait avoir le courage, de temps en temps, de tromper les jolies femmes avec des femmes qui ne sont plus jeunes et qui seraient laides. Cela leur apprendrait à vivre" (S. Guitry).
"Les Anglais ont tué Jeanne d'Arc. Aujourd'hui, elle est tuée à l'école" (P. Guth).
"Je n'ai jamais été convaincu de l'existence de Dieu, je suis absolument convaincu de l'existence du Diable" (M. Bock-Côté).
"La bigamie consiste à avoir une femme de trop. La monogamie aussi" (H. L. Mencken).
"Ce qui m'attire aux Echecs, ce ne sont pas les règles, mais leurs exceptions qui, heureusement, sont très fréquentes" (V. Kortchnoï).
Livres de finales : l'attitude scientifique consiste à rendre compte des découvertes dans l'ordre chronologique. Ce fut celle de l'auteur russe (MD) décédé en 2016. L'attitude anti-scientifique, adoptée par un auteur anglais, un auteur allemand et beaucoup d'autres, consiste à donner la préférence au... plus récent, pratiquant une totale amnésie de l'héritage. En outre, les mêmes auteurs contestables délaissent la pédagogie en faisant un mauvais usage des tablebases, donnant la préférence aux premiers coups affichés par la machine plutôt qu'à ceux les plus compréhensibles. Et délaissent la dignité, s'attribuant sans vergogne les découvertes cybernétiques.
Section finales légère pour ce cours : un Bobby de 16 ans qui saccage une finale de pions, avec un zugzwang réciproque (ZZ) inattendu après une défense étonnante. Un autre ZZ un peu plus tard, introduit par un coup blanc sur la même case que la défense susmentionnée. Encore un ZZ au 48e coup.
Un exercice très facile du regretté rédacteur du BESN ("british endgame study news"), une charmante étude de Martin où les Blancs ont un Fou de trop. Enfin, notre ami Guy nous montre 3 ZZ avec un pion respectivement en c3, c4 & c5 !
Pour le prochain cours, une difficile finale de Fous avec de brillants coups de pions, une lutte Fou contre Cavalier avec une sous-promotion, enfin un petit jeu de pièces lourdes.
La partie est monstrueuse. Le joueur des Blancs est survolté par une défaite survenue la veille. Une bonne réaction : nos gamins devraient suivre cet exemple ! Le sacrifice de Fou est entièrement correct, mais la démonstration de l'avantage sur toute défense est parfois très ardue. De nombreux coups brillants, certains montrés par le monstre, mais la plupart... par des humains !
Entraînement : les 2# sont faciles, sauf peut-être les 2e, 5e, 6e (appréciez le jumeau), 9e et 11e. Suite de l'hommage au génial Strydom : dans ces 3#, on pourrait "ne rien faire", mais il n'y a pas de coup neutre et donc, il faut changer tout ou partie de ce qui est préparé. Nous laissons la solution des deux derniers. Un aidé facile et 3 inverses dont un long entièrement expliqué.
Actualité : le championnat du monde féminin par équipes a été pulvérisé par la Russie, notamment grâce à la divine Polina Shuvalova qui réalise 9,5 points sur 10 parties. A noter aussi la bonne performance de notre Anna, réfutation vivante de tous les crétins hexagonaux : plus elle résout de problèmes d'Echecs, mieux elle joue aux Echecs !
Amusez-vous bien et joyeux Noël. Comme disait mon ami Van Morrison au dernier cours, "didn't I come to bring you a sense of wonder ?".
Semoga Tuhan memberkati Anda. Hari Om. Да благословит вас Бог.
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Commentaires
1 Alain Le 25/12/2025
Thank you for these incredibly precise details. Of course I am interested in these documents. At present, I am far too busy to study them properly. I suggest you contact the website (at the top right of your screen). That way, I can get your email address and you can get mine!
Շնորհավոր Սուրբ Ծնունդ
2 Vardan Poghosyan Le 22/12/2025
Many thanks for your kind reply and for the clarification. I now fully understand your concerns.
Unfortunately, the Roycroft edition omits an important warning by Kasparyan that appears in both Russian editions of his studies (1972, p. 59, and 1988, p. 52). There Kasparyan explicitly notes that a proper understanding of his study is facilitated by reading his article “Rook and Two Connected Pawns versus a Rook” (Shakhmaty v SSSR, nos. 4 and 5, 1946).
Incidentally, both German editions of his studies (Zauber des Endspiels, 1974, p. 46; 1985, p. 46), as well as the Spanish edition (Finales artísticos, 1976, p. 69), do include a reference to this article. Moreover, Kasparyan reproduced the article in full in the 1988 edition of his studies (pp. 249–260).
This substantial article—submitted by Kasparyan to Shakhmaty v SSSR as early as 1940 but published only after World War II (the magazine was not issued between 1941 and 1945)—covers all relevant pairings (rook–knight, bishop–knight, bishop–king, and central pawn couples). In it, Kasparyan analyses in detail all critical lines of his study, including the line 1…Rd3. Dvoretsky later incorporated most of this analysis into his Endgame Manual.
If you are interested, I would be happy to send you scans of the original article from Shakhmaty v SSSR as well as the relevant pages from the book edition.
You are also entirely right regarding the 1984 edition of Averbakh. I have compared it with the 1958 edition authored solely by Kopayev and found that Averbakh essentially reproduced the 1958 analysis without modification. It should be noted, however, that the 1984 edition is formally a joint work by Averbakh and Kopayev—the latter’s name appears in the title of Rook Endings. In 1958, Averbakh acted only as the editor of the volume, while following Kopayev’s death in 1978 he became a co-author of the 1984 edition.
With kind regards,
Vardan Poghosyan
3 Alain Le 21/12/2025
4 Alain Le 21/12/2025
I know your name, especially for your fine findings in the ending R+4P / R+3P with a passed pawn on the "a" file.
The sentence you quote was written in 1981 but is still valid. I don't have some old russian books anymore but in "the complete studies of Kasparyan" (J. Roycroft 1997) the analysis of this masterpiece (p. 56-58) seems really too short to me. Similarly in the 1984 book (физкультура и спорт) signed by Averbakh but certainly written by Kopaiev p. 179-180.
A new analysis with modern engines (and of my exercise 231, strongly connected to this study) remains to be done.
Many thanks for your interest in my work and happy Christmas. Greetings.
5 Vardan Poghosyan Le 21/12/2025
My name is Vardan Poghosyan, I am a passionate fan of rook endgames, maybe my name is known to you from Dvoretsky's textbook or from the ChessPub website, where I publish my analyses.
I have a question regarding Kasparian’s etude in your book Les Finales, Tome 1 (Grasset, 1998, pp. 244–246). You mention that:
"Les analyses précédemment publiées sur cette passionnante étude sont notoirement insuffisantes, y compris dans les livres de Kasparian lui-même, et parfois contradictoires !"
Could you clarify where you see these insufficiencies and contradictions? Even a brief explanation would be greatly appreciated.
Wishing you a Merry Christmas and all the best,
Yours sincerely
Vardan Poghosyan