"Tout ce que vous voyez, je le dois aux spaghettis" (Sophia Loren).
« Les moutons vont à l’abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais, du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit. » (O. Mirbeau, 1848-1917).
"Je ne réponds pas d'avoir du goût, mais j'ai le dégoût très sûr" (J. Renard).
On m'excusera de revenir sur la question des études artistiques contemporaines illustrant un nouveau "mal du siècle", en citant deux autorités avec lesquelles je suis en plein accord, au risque de vous décevoir (mais non, je ne suis pas en contestation permanente). Elles sont dans un anglais très accessible pour moi, donc a fortiori pour vous.
"Some of the excluded studies had interesting points but they do not appear in the award because they exhibited unartistic introductory play. These introductions contained a lot of analysis and many exchanges of material, but none of them were interesting or thematic. I consider such introductions to be a violation of the fundamental principle of economy. In the other genres, composers agonize for weeks to find a way to eliminate a single pawn from their settings. Contrast this with studies where some practitioners add many unnecessary pieces just to make their solutions longer" (R. Becker).
"Possibly some composers are more inclined to do this nowadays because the prejudice against positions with few enough units to be databased generates a perverse incentive against economy of material" (N. Elkies).
Une grande partie de la décadence (sans grandeur) de l'étude moderne d'Echecs est dans ces deux phrases. Les compositeurs alourdissent et font du remplissage, les sélectionneurs et les juges les y incitent en déclassant les oeuvres susceptibles de provenir des tablebases. Et moi et moi et moi (copyright Jacques Dutronc, merci Françoise), qui suis un modeste compositeur, mais refuse systématiquement l'alourdissement de mes petites créations, combien de fois les ai-je vues refusées, combien de fois les ai-je vues mal notées ? A ce propos, ne manquez pas l'ouverture prochaine, sur votre site préféré, d'une nouvelle rubrique : moï etyudy (en hommage à V. Smyslov), sélection de mes petites trouvailles depuis 40 ans.
Deux remarques tout de même sans lesquelles vous ne me reconnaîtriez plus : parmi d'autres critiques, notons l'inadmissible habitude (même chez les plus grands compositeurs) de décider que la "variante principale" est celle qui mène à un joli mat (ou pat) alors qu'une défense indûment qualifiée de "secondaire" mène à une finale du type D / F+C, D / 2C, T+F+C / T+F ou 2F / C qu'ils sont évidemment incapables de comprendre. Et, désolé de le répéter, mais il me semble que le nombre de juges incompétents, quoique parfois d'excellents compositeurs, me semble grandir d'année en année. Heureusement, comme le résume superbement notre prestigieux invité suisse : la beauté n'a pas de prix.
Les quatre exercices traditionnels semblent avoir été appréciés (vive le bûcheron Troïtzky !). Puis une étude idéale pour concours de résolution. Sans doute ce pourquoi elle n'a jamais été proposée, quoique émanant de deux germanophones comme le calamiteux "Monsieur Haïdème". Une lutte de cases conjuguées ; il ne s'agit pourtant pas d'une finale de pions, mais d'une Tour enfermée contre un Fou qui ne l'est pas. Et un petit repos avec également une question de bonnes cases.
Deux exercices pour la prochaine séance, un ballet où 10 coups d'affilée du Cavalier sont nécessaires pour bloquer un pion dangereux (le 4e étant le plus surprenant), puis un réseau de mat géorgien avec Dame et Cavalier contre un matériel semblable.
Au dernier cours, je notais la propension à la jalousie des monstres cybernétiques. Mais leur désir de rivalité ne s'arrête pas aux belles combinaisons de parties. Voici qu'à présent ils jalousent les compositeurs d'études (les vrais). Dans notre sélection du jour, ils créent un zugzwang réciproque en plein milieu de partie, avec uniquement des pièces lourdes, ce qui ne veut pas dire lourdaudes. La colonne "g" sera en vedette, avec divers échos : h3! Tg3!... Rappelons au passage le rôle d'Igor Zaïtsev (sans lequel Karpov aurait eu plus de mal à devenir champion du monde) dans les analyses, plusieurs décennies avant l'apparition des monstres.
En féerique, un nouveau genre slovaque qui m'avait rebuté dans le passé, mais je fus conquis par une interprétation d'un auteur finlandais avec qui j'avais trinqué lors d'un championnat d'Europe il y a (déjà) 9 ans. Comme il s'agit en outre d'un inverse, certains ont estimé qu'il y avait un peu trop de négations de négations ! A vous de juger.
Entraînement habituel avec les 2# Marjan, dont seul le 4e (russe) me semble ardu, quoique certains autres puissent aussi faire réfléchir. Les 3# sont très variés, le premier est peut-être le plus facile, mais non le moins spectaculaire. Deux 4# aussi très dissemblables, puis deux agréables stratégiques plus longs (autrichien & allemand). Le premier aidé (français) est très original, ne manquez pas le jumeau. Le 3e (français également) illustre un thème dont ce cours est familier (rappelons que dans un aidé 3,5#, les Blancs commencent, ils matent à leur 4e coup). Foisonnement de variantes (pas moins de 8) dans l'inverse 3#, proposé au championnat de Russie 2017.
Bonne régalade. Rdv fin mars ou en avril. Deus vos custodiat.
Commentaires
1 alain Le 11/01/2020