Un petit souci sur l'ordinateur du Maître n'a pas empêché le cours de se dérouler.
Tous les poilus habituels étaient là pour en découdre avec les positions posées par le Maître.
un bien bel ouvrage, comme vous pourrez en juger en lisant le compte-rendu ci-dessous
Le mot du Maître
"Il ne faut jamais hasarder la plaisanterie, même la plus douce et la plus permise qu'avec des gens polis ou qui ont de l'esprit. Les sots sont toujours prêts à se fâcher et à croire qu'on les méprise" (La Bruyère).
"Quand j'ai écrit le Degré zéro de l'écriture, je n'étais pas sûr de moi. J'avais peur d'être con. C'est pourquoi je me suis voulu un peu hermétique, pour qu'on ne voie pas trop que je l'étais" (R. Barthes, raconté par J.-Ch. Pichon, le même RB, expert coiffeur, qui dit par ailleurs : "il y a deux catégories de femmes : celles qui vous rasent, et celles qui vous tondent"). Bizarre comme cette citation (je parle de la première !) me fait penser aux compositeurs d'études modernes... Voir plus loin, dans le même esprit, le commentaire de Pervakov.
Une remarque inspirée par une ânerie (une de plus) lue dernièrement. Les Echecs n'ont pour moi jamais été un jeu et, comme Stefan Zweig, je trouve ce terme injurieux. Toutefois, s'il m'a toujours agacé concernant notre art-science-sport, je n'ai jamais éprouvé la même irritation pour celui de "joueur". Est-ce parce qu'il évoque aux Echecs, en opposition à celui de "problémiste", un plus grand réalisme ? Et plus généralement, même sans penser au livre de Dostoïevsky, le terme de "joueur" me semble présenter plus de noblesse : quelqu'un qui risque beaucoup, sinon sa vie, qui va au charbon, qui se mouille, presque un guerrier. Alors que "jeu" (plus encore que "jouer") évoque l'amusement. Mais j'ai cependant utilisé ce terme, surtout sous la forme, précisément, de "noble jeu", comme il ne messied point à un marquis... !
La finale de pions de Moravec tient tout entière dans son 2e coup blanc. Puis un Fou blanc vient quatre fois de suite sur la même case, pour ensuite occuper insolemment... la case la mieux contrôlée par les Noirs. Enfin le meilleur choix : on perd la Tour, mais non la partie. Car le Roi blanc maîtrise le couple RN+CN.
"Depuis que les tablebases à 6 unités sont disponibles sur l'internet [été 2006, note d'AV] j'ai refusé par principe de les utiliser. Toute personne créative me comprendra : vous voulez trouver quelque chose vous-même, du début à la fin. Mais, voyant le manque de talent dont font preuve les compositeurs modernes dans l'usage de ces tablebases, j'ai décidé de les utiliser il y a six mois" (O. Pervakov, août 2017). Nous donnons une étude assez réjouissante dudit champion du monde OP, bien antérieure à ces propos, puis deux autres (de la même époque) en exercices pour janvier.
Une finale de Kortchnoï est presque toujours intéressante, mais celle-ci est homérique. Le grand Viktor est mieux, puis gagnant, puis égal, puis... perdant (!), encore égal, puis de nouveau perdant, enfin partie nulle. Et ses analyses sont remarquables, à une époque où l'assistance informatique menaçait juste d'exister : quelques erreurs certes, mais combien de pistes nous guidant dans le tamisage par le monstre analytique... En outre, nous y voyons au 51e coup une intéressante réplique à un article célèbre http://www.france-echecs.com/article.php?art=20061225181612247
La lutte Fou contre deux pions liés fut traitée il y a un an, le 8 novembre 2016. Cette fois, les pions sont au nombre de trois et ce n'est pas triste. Comme l'a noté Han, les Blancs font un avant-plan à l'avant-plan (!) pour aboutir à un phénoménal ZZ, car il n'y a qu'une case de l'échiquier où le Fou doive se trouver pour obtenir la nulle.
La partie du jour a 35 ans, mais son ouverture ne se démode pas. Nous la développons davantage, quelques promeneurs nous ayant reproché de ne pas accorder assez d'importance à cette phase de la partie. La manière dont la position noire s'écroule subitement est surprenante. Surtout quand on songe par qui les Noirs sont menés, un joueur candidat au championnat du monde l'année suivante.
Il y a quelques jours, le champion du monde de résolution de problèmes (niech żyje Polska !) a battu notre ex- (et vice-) champion de France d'Echecs "normaux". Une occasion pour les pseudo-pédagogues, officiels fédéraux et journaleux de notre "beau pays", qui sans cesse boycottent les Echecs artistiques, de faire amende honorable ? On peut toujours rêver. Na zdrowje !
Féeriques : le point culminant est un chef-d'oeuvre de notre MC (Master of Chess) qui ressemble beaucoup à son autre chef-d'oeuvre de Jurmala donné dans http://www.france-echecs.com/article.php?art=20080831123235557 (voyez le 10/09/2008) et donc de la même année.
Entraînement. Après la dizaine de 2# non triviaux, un 3# nous montrant le surdoué suisse du rétro dans un rôle peu habituel, puis un cyclique non ennuyeux et un magnifique paradoxe donné au championnat de Pologne 2016. En 4#, deux champions du monde à l'oeuvre ; l'un fut proposé au championnat du monde 1990, l'autre, 40 ans plus tard, nous montre des deuxièmes coups qui... sont aussi des troisièmes coups. Puis, de façon plus reposante, deux problèmes français soixantenaires : des interceptions réciproques de pièces noires dans le style de Pierre Drumare, puis un jeu focal du meilleur goût. Enfin un plus long problème, également français, auquel j'ai eu le bonheur de donner le premier prix cette année. J'ai, de façon inexpliquée, oublié d'ôter la solution.
L'aidé 2# est très tactique, l'aidé 3# (avec jumeau) plus stratégique. Puis deux aidés 4#. Le premier nous offre des mats modèles. Le second, un chef-d'oeuvre roumain, est bizarrement toujours mal cité : on ampute la moitié du problème en oubliant le jumeau. Nous terminons par trois inverses. Aucun n'est difficile, bien que le 2e ait été donné au championnat de Finlande et le 3e au championnat de Lithuanie de cette année. Le premier a un jumeau, ce qui est courant en aidé mais rare en inverse.
Bonne régalade. Rdv en janvier si Deus vult. Bonne fin d'année.
Commentaires
1 Alain Le 25/12/2017
Joyeux Noël !