11 avril 2017

Le cours a connu quelques soubresauts techniques avec les débuts de l'utilisation de Jitsi.

Bien que pratique d'utilisation, l'interface nous a réservé quelques figeages qui nous ont fait revenir à nos premières amours nous privant ainsi de la présence d'un grand compositeur de PJ que nous avions perdu de vue depuis longtemps.

Le cours a donc repris avec Team Viewer comme support et avec le noyau dur.
Une panne de micro ("entre les pièces du fond" aurait ajouté la Comtesse) a privé le greffier de quelques coups de pattes

Voici le compte-rendu circonstancié rédigé de la main du Maître

Le mot du Maître

La tristesse du jour. Après toutes les personnes de grande valeur disparues en 2016, c'est le tour d'André Frisch, grand-maître international en Librairie d'Echecs. Véritable Monsieur Sourire, il accueillait en son domaine de la rue Saint-André-des-Arts (cela ne s'invente pas !) tout quidam manifestant un début d'intérêt pour les Echecs, le guidait avec une infinie patience, devinait ses préférences, faisant de lui, le plus souvent, un adepte convaincu.

Sans lui, mon travail sur les finales serait resté dans les tiroirs. Que dis-je, il ne serait pas même commencé. Il y a 37 ans, André me demanda d'écrire un livre sur les finales pour la collection "Librairie Saint-Germain" qu'il avait lancée. Le précédent ouvrage étant un recueil de parties commentées par Karpov, je fus sensible à l'immense honneur qui m'était fait, tout en balbutiant que cela impliquerait un immense travail, qu'un volume ne suffirait pas, que s'il le souhaitait, je pouvais plutôt présenter une collection de très beaux problèmes, avec anecdotes et solutions parfaitement rédigées, très claires, que cela me prendrait beaucoup moins de temps, etc. Sans se départir une seule seconde de son sourire, il répliqua qu'un livre sur les problèmes aurait trop peu d'audience, que deux volumes ne le gênaient pas, qu'il me laissait tout le temps... C'est ainsi qu'est né le marquis des finales. Merci. A Dieu, André.

La citation du jour : "Quel fut le plus grand joueur ? Si les Echecs sont un art, Alekhine. S'ils sont une science, Capablanca. S'ils sont un sport, Lasker" disait Xavier Tartacover. Mais la difficulté, c'est qu'ils sont les trois à la fois.

La colère du jour. La langue française est percluse de complications inutiles (pourquoi dire "quatre-vingts" au lieu du simple "octante" ?) mais possède aussi des qualités de sobriété, mises à mal de nos jours. Sans parler du grotesque "taux d'alcoolémie" (alors qu'alcoolémie signifie taux d'alcool) j'ai le poil hérissé chaque fois que j'entends le ridicule "Françaises, Français" hurlé par des imbéciles qui espèrent ainsi se faire passer pour "féministes" (!), l'horrible "celles-z-et ceux" (sic !) et l'insupportable "bonjour à toutes-z-et à tous" (resic !). Le mot "homme" désigne tantôt l'être humain (du latin homo) et tantôt le mâle (du latin vir) et le contexte est en général assez clair, sans qu'il soit besoin d'alourdir. Un humoriste célèbre avait traité cette question de manière fulgurante : diriez-vous "Belges, Belges" ?

L'anecdote du jour, lue dans l'excellent livre de Vlastimil Jansa, merveilleux homme, superbe joueur et meilleur pédagogue du monde (à présent que MD est décédé, on ne me chicanera pas là-dessus). «Il y a quelques années, mon jardin fut ravagé par les taupes. J'allai voir mon ami George, homme pratique et dégourdi qui-sait-tout. Il me donna une liste de boutiques spécialisées. Mais j'y trouvai un tel choix de produits que je fus incapable de décider. Je retournai voir George et lui demandai quel produit était le plus efficace. Il resta silencieux un instant puis me dit : "Mais comment diable pourrais-je le savoir ? Crois-tu que je suis une taupe ?"». J'ai ri davantage que j'aurais dû, car je vis cette anecdote constamment, et dans les deux sens. Etant nul sur le plan pratique, je demande souvent conseil à des amis, mais parfois trop : ils savent beaucoup plus que moi, mais pas tout ! Inversement, quand on m'interroge sur des finales ou des problèmes d'Echecs, je ne sais pas toujours répondre : j'ai vu des milliers de chaque, mais suis bien loin d'être omniscient.

Les études du jour. Un exercice élémentaire, ou plus exactement, à matériel élémentaire, incluant pourtant deux ZZ. Je le présente comme exercice d'entrée à l'école d'Echecs qu'il faudra bien créer un jour ou l'autre. En espérant ne pas attendre 100 ans, comme pour l'arbre de Lyautey ("Il faudra 100 ans ? Raison de plus pour commencer tout de suite"). Puis deux études du même auteur, à presque 50 ans d'écart. Paradoxe : c'est la plus ancienne qui contient des ZZ !

Les finales pratiques du jour. Dans une finale de Tours apparemment banale, vous attendez le Roi vers l'ouest mais... vous le voyez passer à l'est. En y regardant de plus près, vous constatez que c'est le seul chemin ! Puis un sacrifice qui aurait pu (dû) mal tourner. Je n'ai cessé de répéter qu'il fallait s'en méfier en finale, même si on les souhaite vivement en milieu de partie. Ces deux exemples sont présentés par un autre grand pédagogue, Dražen Marović.

La partie du jour. L'homme qui avait un score de 3/4 contre Tal surclasse ici le détenteur du record de longévité, décédé juste après son 99e anniversaire, un Hongrois qui séjourna à Paris mais préféra s'installer au "paradis des travailleurs", dont il gagna le championnat en 1940.

Les féeriques du jour. Ne confondez surtout pas, malheureux, le circé symétrique et anti-circé avec l'anti-circé symétrique et circé !?

L'entraînement du jour. Après les 2# Marjan, quelques Francuzi sont à l'honneur dans les sections 3#, 4# et aidés. Echo-caméléon de clouages, puis quatre mats modèles variés d'origine tchèque, un superbe et difficile problème logique autrichien, un français loydesque (examinez bien le jeu de la Dame blanche), enfin une répétition qui n'en est pas une. Le premier aidé et le dernier sont les seuls qui vous feront réfléchir. Ne manquez pas le mouvement circulaire du Cavalier dans l'aidé 6,5#. Nous parlions il y a deux mois du thème Popandopoulo : voici là-dessus un inverse très facile (promettez-moi de cacher la solution, comme d'hab). Enfin une PCPJ (il n'y en avait pas eu depuis longtemps) très agréable à chercher (juste des manoeuvres, pas de promotions) en l'honneur du plus grand problémiste allemand.

Bonne régalade. Rdv si Dieu le veult dans un petit mois.

les diagrammes du Maître