5 février 2019

Peu de soucis de figeage pour ce cours de la chandeleur (en date du mardi gras !), le passage en Team Viewer 14 semble porter ses fruits. 

Toujours le même auditoire réduit au noyau dur avec néanmoins un Pierre furtif remplacé par Han au pied levé. 

Voici ci-dessous le compte-rendu circonstancié (et animé) de ce cours magistral.

Le mot du Maître

"Les fondamentalistes défendent souvent des thèses que je déplore, mais un reste de santé spirituelle leur fait pressentir l'horrible camp de concentration bien ouaté et duveteux que les bureaucraties bienveillantes nous préparent, et leur révolte me paraît plus respectable que notre somnolence. A une époque où tout le monde se gargarise de dissidence et de marginalité, tout en faisant preuve d'une docilité mimétique ahurissante, les fondamentalistes sont d'authentiques dissidents" (R. Girard en 1994).

"C'est le malheur des temps, que les fous conduisent les aveugles" (Shakespeare).

"Je croirai au progrès quand on me montrera un de nos contemporains plus sage, plus intelligent et plus noble qu'Aristote, Marc-Aurèle et Thomas d'Aquin" (R. Poulet).

"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit" (Aristote). -- Quant à moi, je réfléchis assez peu, je doute de plus en plus souvent, mais au moins j'affirme... de moins en moins !

La joie de comprendre m'est toujours apparue comme l'élément essentiel de la passion des Echecs, supplantant largement la joie de gagner. Sauf dans une courte période (1986-1988) où j'avais dû la mettre en veilleuse, me transformant en une sorte de machine à marquer des points, afin d'en finir avec ce satané titre de MI. En revanche, quand les performances athlétiques baissent, comme c'est inéluctable à un moment ou à un autre, cette joie essentielle demeure. Et même s'accroît.

Notre première étude montre un sauvetage par auto-enfermement. Une version restaurée d'une étude de 1961, illustrant une idée encore bien antérieure. Puis une nouvelle variation sur le thème bien connu : "le plus loin possible ?" agrémentée par un mat modèle de clouage. Ensuite une courte mais convaincante domination.

Beauté et profondeur : c'est ainsi que J. Beasley caractérise le style d'Artur Mandler. Comment un simple déplacement du Roi blanc, de c3 à c4, change-t-il complètement le jeu ? Ne manquez pas, en outre, d'apprécier les jumeaux (commentaire du 3e coup blanc) : pourquoi la réfutation de 3 Re3? ne fonctionne pas sur 3 Rd3? et réciproquement ; c'est justement le "thème Mandler". En l'occurrence, quand il est en e3, il subit un échec gênant en e6 mais quand il est en d3, il est trop loin de f4. En résumé, 4 études en une seule !

Exercices pour la prochaine fois : une Tour noire, face à 2 Cavaliers et un Fou, n'a qu'à se sacrifier contre ce dernier, mais n'y parviendra pas. Puis un exercice de technique en finale de pions : guère difficile, mais une succession de 13 coups uniques. Enfin un festival de pièces lourdes.

Une curieuse aventure qui eût pu coûter cher à un ex-champion du monde. Conséquence de la nécessité de jouer pour le gain à tout prix, alors que rien ne le justifie, sinon l'obligation, dans un interzonal, de battre les petizélos.

La partie du jour est psychédélique. Un Roi noir se trouve en g5, en présence de toutes les forces lourdes, mais sa meilleure case était... h3 ! L'adversaire du grand Bent a manqué le gain, puis la nulle, mais c'est sans importance : il contribue avec lui à la création d'un chef-d'oeuvre. Au 42e coup, il y a encore à jouer, on comprend toutefois que les Blancs, de "cerf" (le sens de leur nom slovène), soient devenus... chèvre ! Quelle partie !! Dans la suite 31...Rg4!!, ne manquez pas l'écho du trio DB-TB-RN au 36e coup. Un Noctambule et une Rose (les connaisseurs comprendront) !

Dans la rubrique féerique, un hommage à notre maître-greffier, sacreur de roi ! Amusant que l'inventeur du genre que nous illustrons soit un compatriote du co-héros de la partie du jour, ce qui n'était nullement prémédité. Et que l'écho Noctambule-Rose se retrouve, dans 2 autres féeriques, avec un Noctambule d1 et une Rose... d1, ce qui ne l'était pas davantage !

Entraînement : 12 mats en 2#, dont plusieurs ne sont pas évidents, mais le 3e ("aristocratique", comme on dit, ainsi que le 2e, c'est-à-dire sans aucun pion au diagramme) m'a paru le plus ardu. Celui du "Chep" fut donné au championnat de Slovaquie 2018. Le tout dernier est un étonnant blocus.

Un 3# français récent, très spectaculaire. Les autres mats en 3 sont plus faciles, mais aussi divertissants. Le 4# offre 3 jolis et originaux mats modèles. Le 5# (un indien, mais avec quel Fou ?) fut proposé au championnat du monde 1989. Repos avec le mat en 7.

L'aidé 2# (avec jumeau) est presque un écho-caméléon. Le problème d'Abdu est un duplex, c'est-à-dire qu'il y a aussi un aidé 2-coups où les Noirs matent : un coup blanc, un noir, un blanc puis mat des Noirs. L'aidé roumain est dans une version de votre serviteur. Je préférerais en outre ajouter un PNd3 et qu'il n'y ait que 3 solutions. Qu'en pensez-vous ?

L'aidé 3# nous montre le grand-maître des fins de partie sous un rôle inhabituel. Enfin un inverse 4# niçois ni très facile, ni vraiment difficile.

Bonne régalade. Rdv en mars. Idzcie z Bogiem.

les diagrammes du Maître