17 mai 2016

le mot du greffier

De retour des contrées sauvages, le Maître a dispensé le cours devant ses fidèles ouailles.

Ci-dessous le compte-rendu magistral

le mot du Maître

Un curieux ZZ avec Fou et deux pions contre Tour. Le Roi blanc monte vers le champ de bataille, mais pas trop vite. D'ailleurs, il finit par redescendre !

Deux finales de W. Mees, auteur batave de génie né en 1921, et souvent imité, voire copié. L'une, prolongée par un de ses compatriotes, est elle-même un prolongement de Grigoriev, qui contient aussi une fine allusion au chef-d'oeuvre de Vinje (voyez le cours du 13 janvier 2009). L'autre (qui constituait le "devoir" pour aujourd'hui) est une Letztform étrangement méconnue, sous forme de jumelles parfaitement harmonieuses, que Camil Seneca, si exigeant sur la question, aurait applaudies. Nous sommes loin de la plupart des jumeaux modernes, voire triplés ou quadruplés aux discriminants tordus, sans parler des abominables "zéropositions", dont les deux premières syllabes qualifient fort bien leurs auteurs.

L'exercice pour la prochaine fois est une étude-problème (mat en 11) d'un grand compositeur qui eut la même idée que votre maître-bidon : plutôt que de fêter son 60e anniversaire (que c'est commun, voire vulgaire...), célébrer plutôt son 64e, n'est-ce pas ?

Un petit "test Jansa" où l'attaque et la défense s'équilibrent, les deux Fous n'obtenant rien contre les deux Cavaliers, au point que les Blancs les sacrifient tous deux.

La partie du jour rappelle que deux Cavaliers dominent souvent deux Fous quand il s'agit d'attaquer le Roi adverse. Elle est extraite du livre de Timman, paru en 2004, intitulé "le pouvoir des pièces" et consacré précisément aux pièces dites mineures, quoique essentielles ! Les analyses de l'ancien numéro 3 mondial, dans l'ensemble, ne sont pas fameuses, elles sont même bâclées, mais il se rattrape quand il se sert de son immense expérience pour dénicher des liens entre plusieurs ouvertures très différentes, mais conduisant à des situations analogues. Et dans ce domaine, la supériorité de l'expert est éclatante.

Les férus d'actualité verront un lien avec la dernière partie (Kar-Car) du tournoi des candidats de cette année. Son vainqueur avait la mission d'annuler avec les Blancs, il fit mieux. Les soucis du Roi noir doivent, dans cette ouverture, largement limiter les ambitions. Mais si l'on n'est pas dans la perspective du "gain à tout prix", cette fameuse variante Kožul est parfaitement jouable, bien loin d'une "poubelle", comme le proclamait péremptoirement, il y a 10 ans, un éphémère joueur français vaguement titré.

Une des épreuves les plus populaires de l'autre microcosme, celui du problème d'Echecs, est le "solving-show", où les concurrents ont quelques minutes pour résoudre des mats en 2, devant une salle qui ne rêve que de faire mieux, dans les rares cas où c'est possible. Voici un choix de problèmes où votre maître-bidon n'a pas été mauvais, consolation pour l'épreuve du matin où il s'était trompé.

Un 2# de l'auteur batave précité, également avec jumeau, et tout aussi harmonieux. Puis deux 3# bohémiens, dont un corrigé par votre serviteur. Un beau 4# de l'open de Glyfada, un 5# facile mais amusant. Un excellent aidé 3# à 4 solutions, composé par un habitué du cours. Puis un bizarre aidé 4# à 2 solutions, le moteur problèmes de "Fritz" séchant sur... la plus facile ! Enfin un long aidé pas bien compliqué. Le thème de l'inverse 3# est bien connu de nos fidèles. Quant au dernier problème, un accès de magnanimité m'a conduit à laisser la solution, que vous aurez la volonté de cacher, un instant du moins.

Parmi les féeriques, un chef-d'oeuvre de nos amis Eric Huber et Vlaicu Crisan, qui nous fait revivre une sensation que nous avions connue il y a 20 ans avec l'anti-circé : passer près d'une demi-heure pour comprendre un mat en un coup, et une autre pour comprendre en quoi il était forcé. En d'autres termes, presque une heure pour un inverse 1 coup... après la clé !

Sauf empêchement majeur, je vous donne rendez-vous le samedi 4 juin, pour le cours du mardi 7 juin bien sûr ! Ce sera un cours normal, la nouvelle formule faisant une place plus importante aux féeriques et ipso facto rendant inutile le traditionnel cours féerique de juin (pour celui de décembre, rien n'est encore décidé). Et, qui sait, peut-être y aura-t-il un cours de clôture de l'année scolaire-sic le 21 ou 28 juin.

les diagrammes du Maître