2 octobre 2018

Quelques soucis techniques pour ce cours de rentrée avec, entre autres, un figeage Madrasi suivi d'une renaissance Circé sous forme d'un nouvel identifiant de la conférence et, pour couronner le tout une panne de micro en cours de cours.

Malgré tout un excellent cours avec du très beau matériel glané pendant l'estive.

Bonne lecture du compte-rendu du Maître


Le mot du Maître


PascalMontaigneEn cette période de "rentrée des classes", qu'on me permette de me présenter, moi qui fut professeur (un peu) pendant 40 ans (tout de même) : j'étais une sorte de Martien, coincé entre les profs qui ne l'aiment pas trop parce qu'il ne l'est pas assez (prof) et... les élèves qui l'aiment assez parce qu'il ne l'est pas trop.

"Dire la vérité est utile à qui on la dit mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr" (B. Pascal).

"Avoir toujours raison est un grand tort" (Montaigne).

"Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie" (G. Bernanos).

"Les Echecs ne sont pas pour les âmes timides. Ils requièrent un homme entier, qui ne s'arrête pas aveuglément à ce qui a été déjà établi, mais qui tente individuellement de sonder les profondeurs du jeu. [...] Oui, les Echecs sont difficiles, demandent du travail, une réflexion sérieuse, que seule une recherche soignée peut satisfaire. Il n'y a que la critique impitoyable qui puisse mener au but. Hélas, pour beaucoup, la critique est perçue comme un ennemi plutôt que comme un guide vers la vérité" (W. Steinitz).

Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai un considérable retard de lecture. La cause : l'obligation de "gagner sa vie", formule mensongère qui nous contraint pendant plusieurs décennies à exercer un métier qui, même si l'on y manifeste quelques compétences, n'est pas notre principal domaine d'excellence. De sorte que je mets beaucoup de temps à simplement... lire ce qui est dans ma bibliothèque.

Le dernier opus auquel je me suis attaqué est de Shereshevsky, vous savez bien, l'auteur de "La Stratégie dans les Finales", ouvrage que tout le monde est forcé d'admirer, que dis-je, d'adorer, mais qui m'a toujours paru superficiel, certes intéressant, mais en aucun cas un chef-d'oeuvre. En outre son titre est idiot, la stratégie ne s'exerçant pas dans les finales (uniquement tactiques) mais au stade précédent, celui de la préfinale ou transposition en finale.

Il est cette fois en collaboration avec un Leonid Slutsky dont je n'ai jamais entendu parler, pour deux volumes de 1991 et 1992, au titre également idiot, "Mastering the Endgame". Un peu comme si j'écrivais un livre intitulé "Vous serez tous intelligents". Le premier volume est consacré aux débuts dits "ouverts" (et semi-ouverts : on y commence par la Sicilienne, la plus jouée) le second aux débuts dits "fermés".

Bien sûr, les critiques (qui ne lisent presque jamais le livre qu'ils critiquent) ont parlé de super-préparation débutale allant carrément jusqu'à la finale. J'ai donc abordé ces deux livres en croyant y passer 2 ou 3 heures et en faire vite cadeau. Car je ne jette jamais les livres, je les offre ! Un don "grec" ? A vous de juger.

Mais je leur ai trouvé de l'intérêt. Pas où c'était suggéré : ils ne sont pas un tuyau douteux pour éluder le milieu de partie, une baguette magique pour "maîtriser" quoi que ce soit, mais seulement un bon choix de parties classiques passant en effet directement du stade 1 au stade 3, avec synthèse des commentaires parus à l'époque, ce qui me fait regagner... Novikov iun peu de temps, avant d'appliquer la "technique moderne" d'analyse ! Beaucoup d'erreurs justement dans les analyses, bien qu'elles soient assez sommaires. Donc un excellent matériel de travail où tout reste à faire.

RobatschCertes, le premier volume commence très fort : une préface de Youssoupov citant une partie avec une "nouveauté théorique" en finale au... 36e coup, après quoi "les Blancs gagnèrent". Manque de chance, je ne parviens pas à démontrer le gain (voyez Novikov-Tukmakov au 46e). Toute remarque là-dessus (ou sur autre chose) sera la bienvenue.

Un autre savoureux morceau est Robatsch-Portisch, où la partie blanche serait, selon les auteurs, une vallée de larmes. Il est vrai que la technique du super-joueur hongrois fut presque exemplaire, conduisant au moins à la faute adverse. L'ennui, c'est que les Blancs ont la nulle au 52e coup, ce qui frappe de nullité la belle littérature qui précède. Et il y a bien d'autres bijoux, que nous verrons peut-être plus tard.

En conclusion, si le titre de ces deux livres avait été du genre : "Une collection de parties classiques commentées, dans lesquelles le milieu de partie a été supprimé", nous les eussions appréciés, en pardonnant la légèreté desdits commentaires, parfois intéressants. Nous les aurions même complimentés, Steinitz 1soulignant à la fois un très bon choix de parties et de très précieuses citations de grands joueurs que nous ignorions.

Notez un écho dans ces deux finales, entre 46...Rd5!! et 54 Re4!!. Quand on a une pièce de moins, on se croit généralement contraint d'agir, pour compenser cette infériorité. Il est difficile de ne rien faire, car cela suppose que l'on croie en un équilibre naturel de la position. Et alors qu'on se contente d'attendre, se préparant à contrer toute initiative adverse. Cela nécessite une grande capacité de jugement.

Paulsen 1Deux exercices pour la prochaine séance, l'un nettement plus long que l'autre.

Actualité : notre héros national a manqué un gain brillant en juillet contre le "champion du monde" qu'il avait clairement dominé. Trois jours après, se retrouve, toujours dans le jeu virtuel, un écho dont les problémistes passent leur vie à rêver, qui vient... tout naturellement. Lui-même le mentionne (  http://www.mvlchess.com/2018/08/04/un-podium-sur-le-fil/  ) mais il a aussi sa place ici, haut lieu des Echecs artistiques !

Le thème des deux parties du jour est la promenade royale. Dans la première, le joueur des Blancs est connu pour ce penchant, au point qu'un problème célèbre Portisch pinterlui fut dédié, sa clé étant 1 Re2!!. Un siècle plus tard, les protagonistes sont plutôt connus pour leur style calme. Eh bien, voyons... Avec des coups de problème, ce qui est normal au retour d'Ohrid (voir "concours de solutions").

Entraînement : une dizaine de 2# dont les plus faciles me semblent... les trois derniers. Intense activité de la Dame dans les deux premiers 3#, le suivant est niçois, le dernier allemand (une histoire de changement de défenseur). Dans le multi-coups, on sacrifie pour un mat modèle.

Un aidé 2# où la 5e solution n'est pas de la même famille que les 4 autres. Un autre plus reposant, avec JA (donc aidé 1,5#). Une petite visite de "Mister Jones" puis des tempi australiens. Pour terminer, une stratégie macédonienne, puis un écho-caméléon en inverse.

Bonne régalade. Rdv dans quelques semaines si Deus vult.

les diagrammes du Maître



les exercices (pour la prochaine session)






Commentaires

  • Alain

    1 Alain Le 12/04/2023

    Avez-vous noté qu'au 32e coup de Carl-Vach, se produit un nouveau cas où le bon devient mauvais et réciproquement, si l'on compare 35 Ta5 & 35 Fd7 ?

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