20 février 2018

 

 

Les petits soucis techniques n'ont pas empêché le déroulement du cours.

En plus du noyau dur habituel avec, entre autres, un Africain et un Suisse, s'est adjoint un Cheminot en activité entre deux trains.

Voici, ci-dessous, le compte-rendu du Maître, en pleine forme.


Le mot du Maître


 

 

 

"Je veux bien être embêté par une femme, mais pas tout le temps par la même" (A. Capus).

"C'est toujours un émerveillement de voir à quel point ils sont au-dessous de la mauvaise opinion qu'on a d'eux" (P.-A. Cousteau).

"L'idéal de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois" (G. Flaubert).

Lu ceci sur l'internet : "Dans un passé révolu, un sacrifice de pièce balancé [sic !] par le 8e champion du monde de l’histoire, Mikhaïl Tal, pouvait faire l’objet d’un débat passionné par revues interposées pendant des mois. Soumis à la logique implacable des ordinateurs, le sujet est clos en quelques minutes".

Les habitués du "cours du maître" auront déjà compris que je suis en total désaccord avec ce propos. Non, le sujet n'est pas "clos en quelques minutes", il est au contraire ouvert à l'inépuisable galaxie de l'analyse. Le "débat passionné" peut désormais durer des années. Timman disait qu'on "n'en finit jamais avec une partie". A l'époque des moteurs d'analyse, on ne cesse de recommencer l'analyse à zéro. Dans ce cours, 8 parties de Tal et 39 parties d'Alexeï Shirov, compatriote et continuateur de Tal, ont été présentées depuis 2003, l'apothéose étant sans doute Shirov-Eingorn il y a trois ans. L'analyse "assistée" ne démolit nullement les conceptions humaines, sauf rares cas, mais au contraire les prolonge. Un sacrifice à la Tal ou à la Shirov a comme fondement une phénoménale intuition, un sens exceptionnel de la coopération des pièces attaquantes, et non le calcul d'un déluge de variantes. L'ordinateur, machine à calculer, justifie le plus souvent les sacrifices taliens et shiroviens en les complétant par de jolies variantes qui n'avaient été vues, ni pendant la partie, ni au moment du commentaire publié. Au risque d'un léger anthropomorphisme, j'ai souvent noté que le monstre de silicium donnait l'impression d'être comme jaloux et se voulait, à son tour, aussi brillant que le grand joueur humain.

D'une façon plus générale, c'est surtout la peur de voir l'ordinateur assécher les Echecs et les faire péricliter qui inspire ce genre de commentaire. Mais non : le danger n'est pas là, il est dans le mauvais usage des ordinateurs que font des humains trop médiocres ou paresseux. Nous avons maintes fois signalé la bêtise consistant à suivre en direct une partie de haut niveau en lisant les inscriptions (d'ailleurs le plus souvent incohérentes et vite contredites : nous sommes bien loin d'une "logique implacable") données au-dessous du diagramme par le monstre, au lieu de bénéficier d'un entraînement gratuit, quitte à utiliser le monstre une fois la partie terminée, pour approfondir. Ce n'était pas la faute des automobiles si les jeunes gens de l'époque de James Dean se tuaient en prenant des risques insensés, même pour les beaux yeux d'une Natalie. Ce n'est pas la faute des ordis si la grande masse se laisse abrutir en les utilisant en dépit du bon sens.

Bon, l'auteur du commentaire ci-dessus se rachète un peu par cette phrase : « Mieux standardiser le monde pour mieux le contrôler est l’objectif du "big data" ». Cela ne fera pas bien peur aux mondialistes qui souhaitent, quels que soient les moyens nécessaires, devenir les maîtres de la planète, mais c'est mieux que rien.

Après neuf ans d'interruption, je me suis amusé à rejouer un tournoi en décembre sur le sol croate. J'avais entendu dire qu'un corps arbitral dépravé avait décidé, dans la cadre de la "fide" (quelle dérision, le mot "foi" en latin, à une lettre près) d'interdire les prises et roques à deux mains. Vous me connaissez bien, vous devinez que j'ai éprouvé un malin plaisir à effectuer toutes mes prises et tous mes roques (au total 76) en utilisant les deux mains que la nature m'a offertes, geste que j'ai effectué pendant 45 ans de pratique des tournois. Bilan de l'expérience : aucun de mes adversaires, de cinq nationalités différentes, n'a émis la moindre remarque. Conclusion inévitable : les joueurs sont moins... que les arbitres. Ou, plus diplomatiquement, que quelques Purdyarbitres. Remplacez les points de suspension par le qualificatif que vous jugerez idoine ; pour ma part, je me contenterai de quatre lettres. J'imagine assez bien Madame Chaudé de Silans recevant la plainte d'un joueur prétendant empocher le point car son adversaire a joué avec les deux mains. Sans se départir de son chic parisien, elle lui aurait parfaitement fait comprendre qu'il n'était pas le bienvenu au cercle Caïssa.Fabel 3

Deux finales de pions en apéritif : dans la première, on sacrifie le peu qui nous reste ; la seconde, lutte pour le tempo, comporte un écho bicolore.

Une forteresse avec Cavalier contre Dame, en général incomplètement présentée, donc mal comprise. Puis une étude "moderne" où l'on annule avec deux pièces de moins. Et un gain kilométrique faisant fi de la règle des 50 coups.

Exercices pour la prochaine séance : une pincée de classiques très abordables, mettant en jeu Dame et Cavalier, puis Dame et Fou contre Dame. Durée respective des solutions : 8, 10, 8 & 6, les coups-clés se situant au 4e dans la première, au 3e dans la deuxième, aux 3e & 4e dans la troisième, aux 2e, 4e & 5e dans la quatrième.

Gligoric 1Valse des Tours dans les deux parties du jour : d'abord contre rien, puis contre un Cavalier, avec dans celle-ci un combat de pions liés centraux contre pions liés de l'aile-Dame, qui fait penser à la fameuse variante de Noteboom illustrée aux cours des 6 avril 2004 et 3 janvier 2006.

Paluzie y lucenaUne sélection de 2# nettement plus faciles que le mois dernier. Quelques 3# dont deux seulement sont un peu costauds. Les 4# sont faciles et amusants. Dans les deux 5# autrichiens, on n'hésite pas à sacrifier. L'aidé 2# à 4 solutions est assez ardu, avec une certaine case de l'échiquier en vedette, l'autre l'est beaucoup moins. Puis deux problèmes donnés au championnat du monde 1989. Enfin un inverse presque soixantenaire, complètement sous-estimé à l'époque de sa publication. Et, suite à une conversation, le fantastique 257# de Blathy, avec des analyses qui datent un peu. On m'a souvent dit qu'il était démoli, mais j'ignore comment. Si vous avez une idée (ou sur d'autres sujets) n'hésitez pas à me contacter.

Bonne régalade. Nous nous retrouverons bientôt si Deus vult.Blathy 2

 

 

 


Le mot de Daniel


Quelle introduction !
Ca donne envie.

Et puisqu'elle se termine en invoquant Dieu, une réflexion en pièce jointe concernant son fils...

Lechat


la réponse du Maître


Ben oui, comme il y a des tâches surhumaines, il y a des tâches surdivines. On comprend qu'il ait renoncé.


les diagrammes du Maître



les exercices (pour le prochein cours)






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