14 février 2017

La citation du jour (trouvée sur "Chesspedia") : "Comment Kasparov, après tous ses combats contre Karpov, peut-il le soutenir aux élections pour la présidence de la FIDE ? Quelle sorte de personne sans principes faut-il être ? Je ne pourrai jamais comprendre cela" (V. Kortchnoï en 2012). Viktor a évidemment raison, mais je vois une explication : ce soutien était le plus sûr moyen de le faire perdre. Donc, pas si mal joué...

Une petite note d'actualité : tous mes encouragements à Yifan, la délicieuse et si sympathique championne du monde, qui réalise une sorte de mat aidé (les problémistes la remercient) en protestation contre les appariements lui donnant à jouer 7 nénettes en 9 parties, dans un tournoi se déroulant sur territoire espagnol, albionesquement occupé. Si cette bizarrerie pouvait être mise sur le compte d'une probabilité, équivalente à celle qu'un arbitre puisse un jour la battre, l'arrogance des organisateurs (en gros, "tout est normal, circulez, y a rien à voir") ne peut que justifier a posteriori ce geste. J'ai toujours aimé les femmes qui, comme on disait naguère, sinon jadis, ont quelque chose dans le pantalon (désolé si quelques âmes sensibles trouvent cette expression machiste, mais ce n'est pas ma faute si les robes et jupes se font rares). Bravo aussi à sa collègue géorgienne Nazi Païkidzé qui, si j'ai bien compris, n'aime pas trop les uniformes (dernière minute : il semble que notre Marie nationale ait pris la même décision).

Une finale de pions publiée dans une revue française il y a 70 ans. Le pion central est parfois plus fort que le pion passé éloigné. Ledit pion devra certes être poussé, mais... pas trop vite. Puis une plaisanterie avec un zugzwang réciproque mettant en jeu une Tour seule contre un Cavalier et deux pions. Enfin, une étude illustrant une fois de plus la querelle des Anciens contre les Modernes (à moins que ce soit leur réconciliation). Le compositeur de la version originale est probablement encore plus talentueux que celui de la nouvelle version corrigée. Mais pas forcément plus que le cyberandroïde, véritable auteur de ladite correction, bien symbolique de la création du XXIe siècle...

Partie du jour : une inspiration de jeunesse du grand Svetozar, qui fut le plus fort joueur du monde hors "paradis" soviet. La France officielle, qui n'en est pas à un paradoxe près, s'est mise à détester la Russie... bien après la chute dudit paradis. Cette partie pose plus de questions qu'elle en résout : l'avantage noir saute aux yeux, mais sa réalisation demande une incroyable précision, comme l'analyse moderne nous le démontre. Ne ratez pas la stupéfiante variante 24 Cc5! Dd6 25 Cxb7? qui vous invite dans les Echecs psychédéliques...

Mémoire, mémoire... Un lecteur diaboliquement attentif a mis en parallèle le cours du 21 octobre 2008 (où j'affirme que "je ne connaissais pas" l'étude de Mattison en 1973) et mon article dans Phénix 265 de septembre 2016 (publicité gratuite) où je dis le contraire. Je lui dois une explication. Je me suis livré tout récemment à un nettoyage de paperasse parfois cinquantenaire, dans laquelle j'ai retrouvé un élément... prouvant que j'avais déjà vu ladite étude, que pourtant je croyais ne pas connaître ! Mon Dieu, comme j'aurais aimé, depuis plus de 40 ans que je griffonne des papiers échiquéens, rencontrer de tels lecteurs...

Hommage à Thorsten Zirkwitz, qui lui aussi nous a prématurément quittés, avec le célèbre thème Popandopoulo, mais illustré en féerique. Célèbre ? Hum ! pas tant que ça, le connaissiez-vous ? Mais ce n'est pas grave : comme pour Zagorouiko, Loschinsky, Fleck et bien d'autres, les meilleurs problèmes du "Pope" n'ont rien à voir avec le thème qui porte son nom. Une anecdote sur Th. Z. (que malheureusement je n'ai pas connu personnellement) : consultant son excellent site, je fus attiré par un (excellent) article sur le problème bohémien, ma passion des années 1970-80. Huit problèmes y sont présentés. Eh bien, j'en connaissais 7 sur 8 ! Seul le 2# initial m'était inconnu (mais non son auteur !). Quelle joie de rencontrer une personne de qualité ayant les mêmes goûts que soi-même !

Trouvé dans la revue "Problème" de Robert Meignant (saviez-vous que c'est lui qui, en 1968, a inventé la Rose ?) : "Accrocher un tableau chez soi, c'est se condamner à une éternelle et statique présence. J'ai préféré suspendre un grand échiquier mural. Les beaux problèmes qui s'y succèdent me procurent une joie que j'aimerais vous faire partager" (André Marceil, 1962).

Quelques 2# pour l'entraînement sélectionnés par Marjan, certains pouvant faire réfléchir, puis la suite de l'hommage à Th. Z. avec deux 3# à la Dame blanche généreuse et un 4# où elle se singularise d'une autre manière. Dans le 4# autrichien, quel est le meilleur usage pour les deux Fous ? Puis un 5# logique avec mat modèle. Un aidé somptueux (8 solutions !) de notre futur triple MI, un aidé 3# facile... si l'on s'avise que le pion c7 n'est pas là pour la décoration ; un long aidé allemand minimal où l'une des solutions m'a demandé nettement plus de temps que l'autre. Les deux inverses 3# (l'un avec 3 mats modèles) vous reposeront de toutes ces émotions.

Bonne régalade. Rdv dans quelques semaines si Dieu le veult.