4 octobre 2016
le mot du greffier
Outre les participants habituels, Axel, un des membres actifs de l'équipe de France de résolution, est arrivé un peu avant le dessert, c'est-à-dire la partie féerique du cours, domaine dans lequel il s'est senti assez vite à l'aise.
Auparavant, le Maître avait posé quelques positions d'échauffement de haute tenue, autrement dit des études primées de façon non discutable, ainsi qu'une partie de Shirov qui nous régale à chaque fois.
En voici le compte-rendu
Le mot du Maître
Utilisant les loisirs estivaux, j'ai un peu relu les cours des 13 dernières années. Je suis frappé par la persécution cheminote constante dont fut victime notre cercle de... cheminots, et moi-même en particulier, quoique offrant à un tarif purement symbolique un cours pendant 41 ans... aux cheminots. Je ne puis que me féliciter de n'avoir plus mis les pieds dans la région parisienne depuis près de deux ans, et de n'avoir usé du concours de la "sncf" que pour le trajet Cannes-Vintimille (et retour, hélas !) dans le but compréhensible de fuir un peu plus à l'est.
Le championnat individuel de composition d'études (de problèmes aussi, mais cela nous concerne moins) a donné fin juin son verdict. On peut discuter le classement : même quand les juges sont talentueux (c'était le cas de 4 sur 5), ils n'en sont pas moins hommes. Par exemple, deux juges (et donc un talentueux) ont donné la note "zéro" à une étude ni démolie, ni anticipée, ce qui enfreint le règlement, qui demande de noter 0,5 (sur 4) en pareil cas. Cela équivaut à 2,5 sur 20. C'est moins que je notais moi-même ; en 40 ans de carrière de prof de maths, je n'ai donné de zéro que dans les cas de tricherie, ou de travail non fait.
Il arrive aussi que le style d'une étude diffère par trop de celui du juge, qui risque de n'y voir que du feu. Bien sûr, dans ce cas, le compositeur peut se reprocher de n'avoir pas réussi à donner à son oeuvre une forme universelle. Il n'empêche que ce sont alors des aveugles jugeant la vue d'un borgne.
Mais dans ses grandes lignes, ce classement exprime des vérités incontestables. Pervakov n'a pas seulement gagné, il a dominé, comme nous l'avions décelé dès janvier. Ses dauphins 
Bazlov, Arestov et Miljanić auraient pu être classés autrement. J'aurais pour ma part classé Miljanić deuxième (mais ce n'est pas la première fois qu'il est sous-estimé, voyez le cours du 25 Octobre 2011). Bizarrement, la présence de ces 4 auteurs dans le "cours du maître" reflète exactement le classement : 9 du grand Oleg (et 5 en attente !), 8 de Bazlov, 3 d'Arestov et 2 de Miljanić ! Mais sur la période récente, ce dernier a fait nettement plus fort. En voici un exemple.
Et tout de même, à tout seigneur tout honneur, deux olègueries, dont une plus ancienne. L'autre est sa 2e meilleure note. Notez que sa mieux classée avait déjà été présentée au cours du 27 mai 2014. Vous pouvez consulter les 6 études du grand Oleg (comme toutes les autres) sur http://www.wfcc.ch/competitions/composing/wcci-2013-15-entries/ en cliquant sur le 6 en face de son nom.
Parmi les épreuves de composition du congrès de Belgrade, figurait un concours d'études sur le thème "mat étouffé". Notre ami Darko, qui s'improvisa gentiment notre guide touristique (voyez dans "championnat du monde 2016"), se permet de le gagner... devant Pervakov, Minski & Miljanić ! Un détail : il n'y a 
pas de Cavalier blanc au diagramme. Mais alors ?
Le fossé entre les "grozélos" et les connaissances élémentaires est toujours aussi grand. Est-ce le fait de jouer dans une île qui fait qu'on ne tient pas compte de l'enseignement venu du continent ? Toujours est-il qu'un joueur classé... allons, conservons l'incognito en disant seulement "plus de 2600", a montré début juillet qu'il n'avait pas cru bon de passer les 5 minutes nécessaires pour apprendre comment annuler D contre D + pion. Je ne dirai pas "grand bien lui fasse", qui serait trop ironique, ni "qu'il aille au diable", qui serait trop méchant. Je ne dirai donc... rien. Et ne montrerai pas davantage.
En revanche, sur le même thème du saccage des finales par les supergrozélos, voici un petit cours sur Tour et Fou contre Tour, où deux prestigieux joueurs de l'élite mondiale se transforment en singes dactylographes.
Pour quelques chefs-d'oeuvre, que de parties soporifiques dans ces dernières "olympiades". Restons plutôt aujourd'hui dans le registre des combats, non seulement passionnants, mais commentés passionnément par l'un des joueurs. Soyez attentifs : la valeur d'une partie est souvent fonction de la qualité de ses variantes, autrement dit le jeu virtuel, de même que les essais d'un problème surpassent parfois le jeu réel qui se produit après la clé. Il ne faut pas manquer, tout spécialement, les embranchements du 18e, 20e et 27e coups noirs.
Féeriques : un échec duodécuple, deux primés de Belgrade (lequel préférez-vous ?), un souvenir des lions rencontrés au zoo de cette capitale, de jolis échecs triples par le papa de Tamara, une fête bulgaro-chinoise de notre ami Vlaicu, deux amusettes et un vieux classique.
Pour l'entraînement, quelques 2# où l'on ne passe pas son temps à enculagailler la moumouche comme dans la plupart des compositions modernes. Tous présentés au solving-show de Belgrade. Puis deux problèmes d'un vieux championnat du monde et un curieux 5#.
Mats aidés : signalons l'entrée de notre maître-greffier dans... l'album FIDE, recueil triennal des meilleurs problèmes du monde. Un charmant stratégique avec une salutaire répétition. Nous l'accompagnons de deux autres aidés français et d'un vénérable croate. Attention, l'aidé 5# est à deux variantes (non solutions) ; cela signifie que la clé est la même, la divergence vient ensuite. On pousse parfois la gentillesse jusqu'à dire où. Ici, c'est au premier coup blanc. Enfin, un inverse drumaresque.
Mark Dvoretzky vient de nous lâcher, après Roudenko, Kortchnoï et Yoccoz. Nous en reparlerons au prochain cours. En attendant, découvrez ceci :
"Puisse le Seigneur me donner la sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer celles que je puis, et la sagesse de connaître la différence". L'idée n'est pas nouvelle, puisque fondée sur des propos de l'empereur Marc-Aurèle il y a plus de 18 siècles et aussi de saint François d'Assise, un millénaire plus tard, pour être reprise au dos d'un... album de Neil Young ! Mais c'est aussi une prière des cow-boys de l'ouest, que l'on trouve citée en un lieu qu'on n'attendait certainement pas : par... Dvoretzky lui-même dans son "manuel analytique" !
Bonne rentrée et, néanmoins, bonne régalade.
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Commentaires
1 Alain Le 19/10/2016
2 Alain Le 06/10/2016